Je rentre tout juste de vacances (enfin si l’on peut dire), et pour me sortir la tête un moment de l’activité tellement spirituellement enrichissante que représente la recherche d’un logement, j’ai décidé de consacrer quelques précieuses minutes au partage avec vous de quelques remarques sur la rémunération des étudiants.
Certains vont me dire que rémunérer les étudiants, ce n’est pas logique, puisqu’ils font leurs études, et qu’ils ne “produisent” rien. C’est a priori vrai pas faux. Oui mais. Certaines institutions le font. D’ailleurs, je remarque avec un certain plaisir que ces étudiants rémunérés sont les premiers à partir à l’étranger…
D’où une question de taille: Ok on peut les payer, mais on fait quoi si ils s’en vont? Comment on récupère notre investissement? Comment on rentre dans nos frais? La question est plus que légitime.
On peut essayer d’y répondre de plusieurs manières. La plus simple est à mon avis d’aider plus particulièrement les étudiants qui s’engagent à rester en France au moins pendant un certain temps. Mais c’est un facteur d’inégalité, dans la mesure ou on ne peut pas trouver un super-spécialiste de chaque sujet en France (parce que le but, au final, c’est de bosser avec le super-spécialiste en question).
Autre approche, on peut choisir de “remercier” les étudiants qui ont atteint un bon niveau, puisque leur niveau aura des conséquences positives sur leur université d’origine. Puisqu’on s’occupe de leur image de marque, on peut bien avoir un p’tit quelque chose en échange. Seulement, quand je vois les taux d’abandon (même de très bons étudiants), je me pose des questions sur la viabilité de cette solution. Idem pour les taux d’échec, dont j’avais déjà parlé ici.
Quelques uns de mes profs nous avaient livré leur point de vue sur la chose autour de la machine à café, et étaient plutôt favorables à une rémunération “au mérite” (ce qui aurait probablement, l’homme étant pas nature vénal et très très vilain, c’est Voltaire qui l’a dit, eu pour conséquence de motiver tout le monde).
Reste la question de la “production”. Un des arguments qui m’a souvent été opposé par mes alter ego ingénieurs ou autres, est que les étudiants sont la pour être formés, pour recevoir des connaissances, et qu’ils ne produisent pas en retour. Autant c’est vrai au niveau du cycle L, autant c’est discutable (au cas par cas) en M. Je m’explique. En Master, il y a des stages à faire, et si le stage est bien fait, de l’avis général, on produit des résultats. Sans aller forcément jusqu’à la publication, mais on peut tout de même faire un travail conséquent et exploitable.
Sans parler du fait que le Master est plus exigeant que la Licence en terme de temps/intensité de travail, ce qui exclut souvent (quand on veut s’y consacrer à fond) l’hypothèse d’un job à côté. Autant j’ai pu le faire en licence sans trop de problèmes, autant je n’aurais pas pu y songer l’année dernière. D’ou malheureusement un constat assez dérangeant: une grosse partie de la sélection à l’université est faite sur la base des revenus des parents.
Donc rémunération des stagiaires? Pourquoi pas… Je suis contre (ou plutôt non, je ne suis pas choqué de ne pas être rémunéré en stage). C’est précisément à ce moment là qu’on apprend le plus. La possibilité de pouvoir se consacrer totalement à un sujet, avec des gens qui sont prêts à s’impliquer pour nous rendre la vie encore plus facile, c’est une compensation non-monétaire largement suffisante. La charge de travail que représente un stagiaire devrait donner lieu à une prime pour le maître de stage, si on veut aller encore plus loin (surtout dans mon cas, qui suis du genre relou). Par contre, la prise en charge des frais liés au stage (hébergement, nourriture) me semble une alternative correcte. Parce que mine de rien, ça chiffre vite, et que ça peut en freiner certains.
Bref, des billets plus “bio” sont à prévoir pour la rentrée.