Adélaïde, vendredi 10 novembre 1995: Mika Hakkinen s'installe dans le baquet de sa monoplace et s'apprête à quitter la voie des stands pour la première séance d'essais libre du Grand Prix d'Australie. Mika négocie sans problème la courbe à angle droit qui le mènera jusqu'à RundleRoad. Il passe la troisième! Il est à 180 km/h. Puis pousse à fond sur l'accélérateur. Le Finlandais déboule dans RundleRoad à plus de 250 km/h. Plus loin, RundleRoad vire brusquement à droite et débouche sur la longue ligne droite de BrabhamStraight. Hakkinen ralentit, se prépare à négocier ce virage délicat, très étroit à l'entrée et qui s'élargi en sortie. Il passe en quelques secondes, de 250 à 150 km/h. Mika inscrit sa McLaren dans l'entrée du virage. Soudain, sa monoplace se dérobe et devient totalement incontrôlable. Le pneu arrière gauche a crevé à cause de débris sur la piste. Cette crevaison eu pour conséquence que la roue avant droite n'était plus en contact avec la piste. La voiture était totalement déséquilibrée. Instinctivement, le pilote lutte pour tenter de dompter sa monture, mais impossible.
La McLaren part en travers, fait trois tournoie sur elle même à trois reprises. Le dernier choc est frontal, la monoplace s'encastre dans les pneus à près de 200 km/h. La tête du Finlandais est propulsée vers l'avant à cause de la puissance de l'impact. Conscient, mais la mâchoire serrée, il ne faudrait que quelques minutes avant qu'il ne soit victime de lésions cérébrales irréversibles. Pire, si les secours n'arrivent pas rapidement la F1 sera orpheline d'un autre pilote après Senna et Ratzenberger en 94.
Mika eu de la chance dans son malheur. Non loin de là, étaient postés deux médecins: Jerome Cocking, spécialiste des soins intensifs, et Stephan Lewis, neurochirurgien spécialisé dans les lésions cérébrales et cervicales.
La voiture est immobilisée le long du mur. Des trois commissaires en poste à cet endroit, un est déjà passé par dessus le muret de pneumatiques et s'approche de l'habitacle. Plus loin, quatre pompiers courent en direction du lieu de l'accident. Les commissaires bloquent immédiatement la tête du pilote. A 1000 mètres de là, Cocking et Lewis reçoivent par radio l'ordre d'aller porter secours au pilote McLaren. La voiture se place en bouclier à côté de l'épave. Hakkinen était redressé dans sa monoplace, du sang coulait de sa bouche. Ses yeux étaient ouverts mais il n'avait aucune réaction. A ce moment là, le plus important est de préserver le flux continu de sang et d'oxygène, et particulièrement vers le cerveau. Une interruption, même brève, peut entraîner des lésions cérébrales irréversibles.
Une équipe de désincarcération vient renforcer l'équipe de secours déjà présente sur place. Hakkinen est alors complètement inconscient. Il faut absolument le sortir de la voiture pour pouvoir effectuer des soins. L'opération est d'autant plus délicate qu'il faut impérativement garder sa nuque droite. Une fois allongé sur le sol, Hakkinen reçoit les soins nécessaires dans ce genre d'accident. Il faut faire vite, le facteur temps est essentiel dans ce genre de manœuvre. Les médecins s'assurent d'abord que l'oxygénation du pilote est suffisante. Ce n'est pas le cas. Les médecins s'activent d'avantage pour tenter de sauver la vie du malheureux. Le problème est que pour pouvoir ventiler ses poumons il faut se frayer un passage à travers la cavité buccale, mais les effets du traumatisme crânien typiques de ce genre d'accident ont pour conséquence de maintenir la mâchoire en position fermée.
Conséquence du manque d'oxygène, le visage du Finlandais vire au bleu. Cocking effectue alors une trachéo pour permettre au pilote de respirer. Le Finlandais reprend rapidement des couleurs.
Après 15 minutes, Hakkinen est transporté à l'hôpital Royal Adélaïde. A son arrivée, il est examiné pour déterminer s'il y a d'autres blessures. Après quoi il est transporté dans le service des soins intensifs.
Le samedi 11 novembre, dans la matinée, Hakkinen se réveille lentement. Il fait le tour de la pièce d'un regard. Il regarde le docteur Lewis, lève la main et positionne deux de ses doigts sur son torse en mimant le mouvement d'un homme qui marche. Lewis lui répond d'un pouce dressé. Sur cette réponse, Mika replonge dans le sommeil. S'il pouvait remarcher, alors il pourrait aussi reconduire une F1...