Une jeunesse désenchantée?

Publié le 22 mars 2009 par Sarah Oling
Le 9 mars dernier, le Haut-Commissaire à la jeunesse, Martin Hirsh a lancé une concertation devant créer les bases d'une nouvelle politique de la jeunesse. Une jeunesse qui, d'après le sociologue Olivier Galland, dont les travaux servent de base de réflexion à cette concertation, serait en souffrance.
 Il dit d'ailleurs que "Toutes les enquêtes montrent que la jeunesse française va mal. Les jeunes Français sont les plus pessimistes de tous les  Européens. Ils n'ont confiance ni dans les autres, ni dans la société. Ils apparaissent repliés sur leur classe d'âge et fatalistes. Pour une société, surtout en période de crise, c'est un handicap énorme."
Ce n'est pas cette jeunesse-là que je rencontre dans les collèges et les lycées où j'interviens régulièrement, pour parler de tolérance, de richesse des différences, entre autres. Les enseignants qui font appel à moi me disent souvent, pendant le temps de préparation avant mon intervention, que je vais me trouver confrontée à des jeunes en grande difficulté, incapables de rester très longtemps attentifs, révoltés. Puis le miracle, à chaque fois renouvelé, se produit. Quelques minutes pendant lesquels chacun se jauge, presque "animalement" dirai-je.
Je me présente, ouvre l'espace avec eux, leur laisse toute latitude pour poser ces questions qui parfois les étouffent, celles qu'ils n'osent pas poser à des "adultes investis d'une autorité sur eux". Ce qui n'empêche nullement le respect. Puis ils me testent, libèrent les mots, comprenant que je ne suis là que pour eux. Echanges forts, non normés, qui me laissent à penser que cette jeunesse n'est pas très loin d'être réenchantée, si on lui donne des repères, des modèles, des référents. Ils ont besoin de héros, de se projeter, d'être entendus aussi...
A chaque fois, ils me nourrissent, je ne suis pas dans une posture didactique, ils ne sont pas dans une attitude d'écoute passive. L'échange se prolonge bien après puisque je leur laisse mon mail. Voici d'ailleurs deux de mails reçus à la suite de passages dans des classes:
"après votre passage à C., merci de m'avoir émus avec votre histoire, je suis sure qu'on a tous verser notre petite larme mais nous transmettre la mémoire de tous ceux qui ont eu une vie brisée ou sont morts a cause de la folie d'un homme, m'as fait comprendre à quel point j'ai de la chance de ne pas avoir connu cette période et à quel point la vie est une chose merveilleuse et précieuse. Vous êtes quelqu'un de merveilleux et d'extraordinairement courageux. Au revoir.  (une élève de 2nd B)
"

Bonjour madame Oling   A cause des vacances, je ne consulte qu'aujourd'hui mes mails. Nous tenons à vous remercier pour votre  témoingnage poingnant, nous avons été touché par votre délicatesse et  votre sensibilité. Aucun propos de haine vis à vis des  protagonistes,un témoingnage très parlant,très respectueux de la mémoire des déportés, nous confortent dans l'idée que nous devons à notre tour faire passer le même message. Nous nous devons de lutter contre toute forme de racisme, de xénophobie, d'antisémitisme et de négationisme. Notre travail continue, nous allons prochainement rencontrer Mr O., rescapé du camp d'Auschwitz-Birkenau et visiter le Centre Historique de résistance et de la déportation de Lyon, pour parfaire nos connaissances. Nous ne manquerons pas de vous soliciter pour les nombreuses questions que nous nous posons encore et nous trouverons surement certaines réponses dans la lecture de vos ouvrages (après une intervention à la Maison des Enfants d'Izieu).

Une jeunesse qui souffre parfois, certes, mais une jeunesse en contruction, prête à prendre la manne d'espérance que nous pouvons leur offrir. Oui, nous vivons une crise , une mutation profonde , mondiale! Mais il y a un après  et cet après, si nous ne le construisons pas aujourd'hui, avec eux, demain risque d'être réellement désenchanteur.