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On a plus goût à rien

Publié le 22 mars 2009 par Lephauste

C'est vrai ! Qu'il me dit en soulevant l'essuie-glaces pour glisser dessous ce qu'avant l'âge d'or de la débine on appelait un papillon. D'ailleurs  vous êtes instamment priés de tirer la chasse en ressortant de cet endroit où vous n'aurez pas omis de laisser vos coordonnées pour le cas où le gros Léon qui a un beau camion s'en retournerait de Lyon, après avoir, comme il est dit dans la chanson, déposé DéDé. On a plus goût à rien !

Voyez moi, par exemple je colle des contre-danses à tour de Bic TM, et bien j'y crois plus aux vertus rédemptrice de la riposte graduée. Je me les caille en Hivers, je me les cuits en Eté, en automne je suis suicidaire et au Printemps je sens bien que nous n'avons pas bonne presse, nous les sans-grades de la répression. Le PV fait plus recette, j'a plus la foi.

Que dire, je m'avais stationné sur une place pour handicapés vindicatifs. Ils le sont tous et quand ils ont de la famille à Romorantin vous pouvez craindre le pire ! Et quand je suis revenu de faire mes courses chez Chauffon, les bras chargés de petits paquets délicieux, il était là, la prune à la main, sanglotant sur le capot de la Polo. Je l'observais un peu, je n'osai y croire, un contrat aidé en désolation et autour aucune borne d'appel. Mieux, pas une caméra pour fixer l'immortalité de la nature humaine bonnement sanglée. Que faire ? Le prendre dans mes bras, le bercer ? Lui chanter une chanson de Bobby Lapointe ? Pointer du doigt le geste auguste du chômeur ? ...

- Mais non ! Mais non rien n'est perdu. Tenez moi qui vous parle, hier encore j'étais de gauche, au fond du couloir. Je pestais, révoltais à tout bout de champ, défilais sous les pancartes. Je m'imaginais l'homme en égales parts de vie au sommet de son art. Et puis je me suis résolu à la conviction profonde que tout allait au mieux, qu'il allait falloir être tout à fait raisonnable et serrer un peu des fesses en piégeant le SUV, avant d'aller se coucher. Je vivotais mais maintenant, en pleine expansion socio-économique, je profite, je profite, je profite !

Ma démonstration ne le convainquit qu'à moitié mais séchant ses larmes d'un revers de souche il me tendit la douloureuse que je jetais méprisant dans le caniveau. Faut rien exagérer. Mon nouveau statut de citoyen conscient des réformes que nous n'allions pas pouvoir éviter, ne stipulait nulle part que je doive participer à l'effort de guerre. Je profitais ! C'était l'essentiel.  


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