Alors voilà Dr, je crois que je suis atteinte et pas qu'un peu hein, sinon je ne serai pas là à vous répandre mièvrement mes états d'âme, je suis en proie à la maladie d'amour. Ben faut croire que ça arrive même aux meilleurs ! Moi qui me croyais solide comme un roc, assez fofolle frivole, pour ne pas dire complètement insousciante, pour prendre les choses les plus gravissimes à la légère, je me suis faite prendre au piège de l'amour impossible qui vous fait souffrir le martyre. Putain pourquoi moi ? Je n'ai rien demandé, je vous le jure Dr, je n'ai même pas pensé que ça pouvait m'arriver un jour, c'est pour dire. Et pourtant je prête une attention toute particulière aux pensées profondément débiles saugrenues qui me traversent l'esprit sans crier gare. Mais ça m'a prise par surprise comme ça un soir d'été, sans prévenir.
Force est de constater que j'en suis arrivée à un point de non retour. Parce que tout de même, ne plus se retourner sur le regard langoureux d'un homme fatalement beau c'est odieusement pas possible. Moi qui suit la reine des yeux revolvers, j'ai le regard qui tue et quand je tire la première t'es foutu...
Ah ben c'est la panne sèche, plus rien, niet, nada, peau d'zob, au point que ça me fout une peur bleue, vous pouvez pas vous imaginer. Z'avez qu'à voir un peu la profondeur du mal être. C'est vrai quoi, je ne veux pas devenir un légume, le regard d'un veau vide et le coeur sec comme le désert gobie. Ça ne me ressemble pas, c'est pas moi. Lucifer sort de mon corps ! Appelez-moi un exorciste vite, j'agonise !
Malgré tous les moyens déployés, rien n'y fait, c'est quand même fort de fromage non ? Et pourtant je suis tout de même aller loin dans la démarche, je n'ai pas lésiné sur les moyens vous allez voir.
Alors d'abord, après notre rupture larmoyante et d'une sensualité volcanique que même un plant de tomates desséché en aurait fait rougir ses fruits, je me suis tuée jetée à corps perdue dans le travail (mais bon avec l'esprit ailleurs, ça ne marche pas vraiment).
Ensuite, je me suis même mise à pratiquer un sport régulièrement (moi qui n'en avait pas fait à ce niveau depuis avoir quitté l'école, z'avez qu'à voire un peu la force de volonté de m'en sortir), mais le résultat ne fut pas plus concluant, sauf pour mon corps qui en avait besoin et qui s'est tonifié.
Je me suis inscrite sur un site de rencontre, celui où tout le monde va, non pas pour chercher l'amour, faut pas déconner, mais pour baiser à tour de bras. Et bien pas mieux. Je me suis bien amuser, j'ai même des anecdotes bien croustillantes en souvenir mais ça n'arrange en rien mes affaires.
J'ai même pris la résolution de m'éloigner de 600 km pour l'oublier et surtout ne plus le croiser partout où je mettais les pieds. Faut dire que nous habitions à moins d'un kilomètre l'un de l'autre, que nous fréquentions les mêmes endroits et nous avions les mêmes centres d'intérêts... autant dire que ça aide pô ! Surtout quand il ne pouvait pas s'empêcher de passer devant chez moi, bien que cela lui faisait un détour, sachant que j'avais toutes les chances de ne pas le rater avec les immenses baies vitrées de mon appart transversal qui donnait sur l'avenue.
Dernièrement, dans un ultime espoir de vouloir devenir amnésique et oublier cette délicieuse histoire qui me hante l'esprit jour et nuit. Je me suis vautré dans l'alcool. N'ayant pas mon fils pendant un mois, j'ai pris la résolution d'aller au Carouf du coin, (parce qu'au chopi, je ne voulais pas qu'on me reconnaisse hein) c'est plus anonyme, surtout quand on a le caddie rempli de bouteilles d'alcool ! Un peu comme dans "leaving Las Végas" avec Nicolas Cage, qui veut se suicider en se bourrant la gueule.
Bon je vous rassure, j'en suis pas rendue là (au suicide je veux dire, faut pas déconner non plus) mais ça commence à bien faire cette histoire. J'ai pourtant tout essayer, j'ai même complètement coupé les ponts avec lui. Ben oui parce que figurez vous qu'il continuait à prendre de mes nouvelles, même après mon déménagement mais là j'ai arrêté le délire. Faut pas pousser tout de même et pis faut savoir ce qu'on veut m... !
Et puis c'est pas tout, j'ai changé de tête, j'ai arrêté de me teindre en blonde, histoire de moins ressembler à une PG (copyright Sonia), j'ai repris ma couleur de cheveux naturel et ma brunitude légendaire, j'ai changé de voiture, j'ai même dilapidé tout mon bas de laine en futilités modesques, mais rien n'y fait !
Quoi que je fasse, où que je sois (d'ailleurs à Rennes deux rues portent son nom... je suis maudite ou bien ?) je pense à lui. J'en rêve la nuit. Comment faire pour le sortir de ma tête ? C'est quoi le remède hein ? Si quelqu'un a un antidote, venez vite me l'apporter, parce que là il y a urgence ! Moi je sais plus quoi faire !
Quand je rencontre un homme, rien n'y fait ! C'est comme si j'avais un petit ange gardien dans un coin de ma tête qui me disait "ne pense à rien prends les choses comme elles viennent" et dans l'autre coin un diablotin qui me fait sans cesse comparer tous les mecs avec mon ex dans les moindre détails. Que ça en devient compulsif.
Bon alors la comédie a assez durer, maintenant je veux me sortir de ce tunnel, je veux de nouveau tomber amoureuse passionnément, tout recommencer et ne pas être continuellement en train d'essayer de l'oublier.
J'aurai jamais pensé être capable d'idéaliser quelqu'un à ce point. Moi qui ne crois en rien ou presque, rien de conventionnel en tous cas. J'ai d'ailleurs choisi de vivre une vie à l'opposée de celle de mes parents, mariés depuis... très longtemps sans l'ombre d'un orage. Moi qui trouvait ça terriblement chiant ennuyeux ! J'ai tout fait pour éviter ça et voilà où j'en suis aujourd'hui...
C'est quand le bonheur ?