Soixante et un ans.
Depuis 1948, l'Irlande attendait des successeurs à Karl Mullen et ses coéquipiers, derniers vainqueurs d'un grand Chelem pour l'équipe du trèfle.
C'est désormais chose faite. Paul O'Connell et ses hommes viennent de remporter le troisième grand chelem de l'histoire Irlandaise, après une victoire homérique lors de la dernière rencontre du Tournoi, face au Pays de Galles.
Au terme d'une partie très intense, où les deux équipes se sont rendues coup pour coup, les nerfs de Ronan O'Gara ont tenu qui ont permis à l'ouvreur du Munster d'inscrire le drop victorieux, dans un Millénium stadium qui restera une terre de prédilection pour l'Irlande. Qu'on en juge : dans ce stade, les représentants d'Erin ont remporté deux coupes d'europe (à chaque fois face à des équipes Françaises) et donc ce grand Chelem.
Un grand chelem un peu inattendu. Certes, les provinces Irlandaises, et surtout celle du Munster, connaissent une belle réussite en Heineken Cup depuis quelques années. Mais l'équipe nationale paraissait quant à elle en perte de vitesse, et on commençait à penser que la génération dorée des "O'Brothers" (O'Driscoll, O'Connell, O'Gara) ne gagnerait aucun titre majeur, surtout après le ratage magistral de la dernière Coupe du Monde.
En début de Tournoi, on ne voyait pas vraiment qui pourrait inquiéter les Gallois. D'autant que ces derniers recevaient Anglais et Irlandais. Autant dire que le succès Irlandais relève de l'exploit.
On peut toujours critiquer les choix de jeu du sélectionneur du XV du Trêfle. Declan Kidney, ancien coach du Munster, a choisi d'axer sa stratégie autour des points forts de sa formation, à savoir son cinq de devant, uniquement formé de joueurs de la province championne d'Europe 2008, une troisième ligne très puissante et un ouvreur de haute volée. Autour de sa figure de proue, l'inoxydable Paul O'Connell, le XV d'Irlande joue d'abord un rugby de conquête et privilégie le jeu au ras des regroupements associé à un jeu au pied alternant occupation du terrain et chandelles offensives. Derrière, les cannes de Brian O'Driscoll n'ont plus 20 ans, mais elles fonctionnent encore bigrement bien. De surcroît, le retour de Gordon d'Arcy au centre de l'attaque Irlandaise semble avoir fait beaucoup de bien à cette équipe.
La recette de
Kidney, pour peu digeste qu'elle ait pu paraître, a pourtant bien
fonctionné. Un arbitrage plutôt favorable contre la France et,
surtout, l'Angleterre, associé à la panne étonnante des Gallois au
Stade de France ont aussi permis à la roue de tourner dans le bon
sens, cette fois-ci, pour les coéquipiers de Brian
O'Driscoll.
Les pièces maîtresses du squad sont désormais des trentenaires et quelques arrivées prometteuses (on pense au troisième ligne Jamie Heaslip) permettent aux supporters d'espérer encore quelques belles années.
En attendant,
on imagine que la Guiness doit couler à flot dans tous les Pubs des
"quatres glorieuses provinces d'Irlande"...