Sous le charme de Lillian Dawes** à ***/Katherine Mosby

Publié le 21 mars 2009 par Essel
Titre original :  The Season of Lillian Dawes (E.U., 2002)

"Apprendre à connaître quelqu'un est un plaisir à savourer, comme du chocolat. On ne peut pas l'avaler tout rond, il faut le laisser fondre lentement afin que le palais en goûte chaque infime nuance. De plus, la confiance se gagne (...)." (p. 218-219)


Cet été-là, après avoir été expulsé de son pensionnat, Gabriel, dix-sept ans, se retrouve hébergé chez son frère, intellectuel bourgeois bohème avant l'heure, dans un Manhattan des années 50. Seulement, du jour où il croise Lilian Dawes, il n'aura de cesse d'en savoir toujours plus sur elle, mais curieusement plus il en apprend plus le mystère autour de ses origines et de sa véritable identité s'épaissit... Qui est donc Lillian Dawes ?

"Il
y a presque toujours dans la vie un moment-clé, un point divisant le temps entre un avant et un après - un accident ou une histoire d'amour, un voyage ou peut-être un décès. Dans le cas de Spencer, les quatre, tels les points cardinaux sur une boussole, se combinèrent sous la forme de Lillian Dawes. Et comme il est impossible d'être le témoin d'un drame sans en conserver l'empreinte, cette femme marqua, pour moi aussi, le grand tournant." (incipit)


Souvent est réservé aux titre et incipit le privilège de l'ouverture, de la mesure, de la première note, du ton donnés à l'oeuvre entière. Sous le charme, on ne peut que l'être, en effet, à la lecture de ce roman d'une rare élégance, à l'image de l'héroïne qui l'illustre sur le bandeau et qui en est le sujet, écrit avec une finesse psychologique et une subtilité choisie. On y tombe, comme les deux frères Spencer et Gabriel, amoureux de la figure énigmatique de Lillian Dawes, aux talents et qualités aussi démultipliés que ses identités. On ne saurait non plus résister au charme désuet d'un New-York des années 50 que l'on découvre à travers les yeux du narrateur de dix-sept ans, Gabriel, qui, malgré sa nature indolente, est prompt à saisir avec opportunité les plaisirs de la vie et de la bouche, tout comme les occasions de fréquenter la belle. Ajoutez à cela une plume raffinée, quelques scènes phare
(par exemple celle du premier soir chez Clayton, avec Lillian jouant à reconnaître à l'aveuglette les arbres du parc ; p. 133-136), quelques portraits bien sentis (celui de Clayton p. 187-188),  et vous comprendrez que ce roman d'apprentissage, qui figurait dans les sélections du National Book Award et du prix Pulitzer, mérite amplement un détour par la bibliothèque ou la librairie.     

"- C'est très différent, vous verrez, de boire dans de vraies tasses, dit-elle. C'est plus intime : cela étend notre espace personnel dans le monde - comme d'avoir un salon qui ouvre sur l'horizon." (p. 216)

MOSBY, Katherine. - Sous le charme de Lillian Dawes / trad. de l'américain par Cécile Arnaud. - La Table Ronde, 2009. – 285 p.. – (Quai Voltaire). - ISBN 978-2-7103-3049-3 : 21 €.
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