Ne pas avaler … n’importe quoi

Publié le 21 mars 2009 par Chezfab

Reçu par mail aujourd'hui, je tenais à partager ce texte avec vous. Je le trouve percutant et très prometteur pour lancer un débat d'idées.

Ne pas avaler … n’importe quoi
« Ces gens sont si fiers, si confiant, si joyeux. Parce qu’ils sont maitres de la rue, ils s’imaginent qu’ils sont maitres du monde. En réalité ,ils se trompent bel et bien. Il y a déjà derrière eux les secrétaires ,les permanents, les politiciens, et tous les sultans des temps modernes auxquels ils fraient la voie qui mène au pouvoir. » (Kafka)

On se retrouve donc en grève. Pour nous battre contre quoi ? Pour quoi faire ? Obtenir une amélioration de nos conditions d’asservissement, en échange de notre conformation aux exigences d’une Société absurde ? Pour quelques minutes hebdomadaires , quelques euros de plus, afin de regarder sur des machines à écran plat les chars écraser les enfants de Gaza et les rugbymen australiens aplatir notre paquet d’avants?

Car la machine électorale, elle aussi, a redémarré . Elle nous dit, à l’encre noire et même en rouge « qu’il faut que les patrons paient la crise » qu’il faut « sauver les emplois « relancer la machine économique » et refuser « la casse de l’école publique ».


Dire que les patrons doivent payer la crise , c’est aussi accepter d’avoir des patrons, accepter la violence des entreprises, les rythmes éreintants, les productions inutiles, les chefs harceleurs. C’est accepter l’ordre marchand. Devant cela, les banquiers , Sarko, les patrons doivent se payer … une bonne tranche de rire.

Défendre l’emploi : mais quels emplois ? Ceux où l’on fait n’importe quoi, sans pouvoir se poser de questions, ce n’importe quoi qui empoisonne les sols, l’eau, et l’air (industrie chimique, automobile, aéronautique, agriculture raisonnée), menace tout ce qui vit (armement, nucléaire, nanotechnologie), nous enferme et nous prépare des lendemains d’automates pucés et programmés, au nom bien sur du Progrès , de la Santé et de la Sécurité, voire de l’union sacrée pour le sauvetage de la planète ( biotechnologie, informatique, vidéosurveillance, RFID ).

Défendre l’école publique , c’est défendre l’une des institutions les plus efficaces de l’Etat capitaliste : créée pour préparer les masses à la dictature industrielle, pousser à la revanche contre le Boche et glorifier l’exploitation coloniale. L’école de la république a d’abord détruit les langues et cultures régionales, porteuses, selon elle, de l’ignorance crasse, de l’archaïsme le plus infâme et …d’une insupportable tendance à l’autonomie locale.

Elle a répandu comme la vérole sur le bas clergé , ses mythes et mensonges sur l’histoire de nos pays. Elle a fait régner l’esprit de soumission devant le maitre, le contremaitre, l’ingénieur, le savant, le patron, le banquier, le maire, le président. Elle instaure la compétition entre les enfants, les notes évaluations, fiches, (avec ou sans « bases élèves ») l’école de l’état est la plus active des polices.

Elle reproduit une « élite » ,grande ou petite , de l’ENA et Polytechnique à la simple école d’ingénieurs ou supérieure de commerce. Et cette élite mène parfaitement la barque, pour le compte des industriels et des actionnaires : droit dans le mur ou dans l’iceberg, si on veut bien se souvenir que grâce à eux la planète va nous faire bouillir. En même temps, elle consacre l’échec, la casse des cancres. Certes, des enseignants et autres s’efforcent de remettre en cause, en partie au moins, cette inféodation de l’institution scolaire au capital et à la machine mais avec quels résultats ?

Quelque part ( au Chiapas et ailleurs), les derniers Mohicans luttent sur leur bout de terre. Ils (elles) (re) construisent des modes de vie qui leurs sont chers, un habitat, des champs, leurs écoles et système de santé, leur pratique de la justice, de la démocratie, du travail communautaire, des échanges équitables sans Label, le partage gratuit des connaissances et le refus de la division du travail, la coordination et l’autogouvernement.

Ici également de nouveaux Mohicans se rencontrent, réfléchissent, préparent de nouvelles résistances, en dehors de l’Etat et du Dialogue Sociale. Ils refusent la propriété privée et l’aliénation galopante au service de la machine, ils font des jardins collectifs et travaillent à l’autonomie de la production des aliments, des habits, des maisons...

Ils cessent de déléguer tout ce qui nous importe : la solidarité sociale, l’éducation des enfants et la transmission des savoirs , l’entretien de la santé, le renouvellement jour après jour de l’immense et impérieux plaisir de vivre.

Déserter le système capitaliste, le boycotter, le saboter, inventer autre chose, n’est ni facile ni impensable. On peut en tout cas essayer Pour cela, il va falloir se parler, construire nous-mêmes, mettre nos cœurs à l’ouvrage.

Ce sera dur, mais bien plus exaltant que de refaire trente ans après avec le N.P.A le coup du programme commun de la gauche.
Un tract « récolté » lors de la manif du 19/ 03/ 09 à Toulouse
Via Radiozinzine Journal : L’Ire des Chênaies