Stock de contreplaqué

Publié le 21 mars 2009 par Renelenoir

La Société Générale a créé une polémique en publiant un communiqué le 18 mars sur "l'attribution" de nombreuses "options d'achat d'actions" (en anglais "stock options") à ses principaux dirigeants.
Comme il est rare qu'un texte élaboré par des communiquants d'entreprise suscite une telle furie politique et syndicale, une analyse textuelle détaillée du message de la banque s'impose.

Premier constat, ce court communiqué de 348 mots et 16 phrases est très difficile à appréhender.
Sa note au test de lisibilité de Flesch est seulement de 21 sur 100.
D'après ce barème, cette prose bancaire est moins compréhensible que la revue de droit de Harvard (32 sur 100) mais quand même plus aisée à lire qu'une police d'assurance (10 sur 100) !
Le service de presse de la Société Générale a-t-il pondu un texte complexe à cause du sujet ardu ou pour masquer une information dérangeante ?

L'étude du vocabulaire ne permet pas de départager ces deux hypothèses.
Le lexique employé est très riche. 139 mots différents sont utilisés en dehors des chiffres et des articles.
Est-ce la nécessité d'être précis pour expliquer une situation touffue ou une volonté de noyer le poisson ?

Enfin, les deux seuls vocables notablement répétés dans le texte sont "option" (13 fois) et " stock" (7 fois).
L'utilisation de synonymes aurait probablement évité la polémique.
Par exemple, la phrase "le Conseil a décidé [...] d'attribuer aux dirigeants mandataires sociaux des stock options" réécrite en "le Conseil a attribué aux dirigeants des alternatives d'approvisionnement" n'aurait attiré l'attention de personne.

Les rédacteurs, vraisemblablement par manque de temps, n'ont pas assez ciselé leur message et ont permis le déclenchement de cette magnifique controverse médiatique.
Aussi amis communiquants, je vous en conjure, méfiez vous des viles imitations à bas prix : la langue en contreplaqué a "une performance inférieure de 15 points" à la langue en bois d'ébéniste !

Optionnellement votre ...

- Petit rappel : dans tout le - Références :blog Nouvelles Brèves de Couloir, les guillemets " " indiquent des citations authentiques de langue d'entreprise, en l'occurence dans cette chronique le communiqué de la Société Générale. Les guillemets " " marquent des expressions soit d'autres provenances, soit traduites voire parfois apocryphes. La mise en italique souligne les mots d'origine étrangère. http://www.lexilogos.com/
- http://www.crisco.unicaen.fr/cgi-bin/cherches.cgi
- Grand dictionnaire terminologique de l'office québécois de la langue française
- http://www.harvardlawreview.org/
- Le langage des banques ainsi que la langue de bois ont déjà été évoqués dans la chronique " langage de crise ou crise du langage ?".
- L"analyse textuelle du communiqué de la Société Générale a été effectuée avec le programme libre TextStat 3.0 de Lionel Allorge.
- Le test de lisibilité de Flesch est détaillé par son auteur sur le site de l'Université de Canterbury en Nouvelle Zélande