Voilà un homme qui se repose au milieu des mots, des petites phrases, des effets d’annonces. Sarkozy paraît s’y complaire sans les mettre en cause, comme s’ils pouvaient rendre compte de la réalité, comme s’ils étaient en quelque sorte un absolu éparpillé dans le quotidien.
C’est donc sans surprise que le locataire de l’Elysée s’est emparé de son thème favori : la sécurité et la lutte contre la délinquance, histoire de flatter les bas instincts, les réflexes identitaires et de faire oublier le reste, c’est-à-dire sa politique économique et sociale désastreuse, les tensions au sein sa majorité (notamment au sujet du bouclier fiscal), etc.
Pourtant, les choses ont bien changé depuis 2007. La thématique sécuritaire ne porte plus, comme si les gens entrevoyaient clairement le vide et la manipulation au fond des mots et des gesticulations du président de la République de l’UMP. La gravité affichée par Sarkozy se transforme même en burlesque comme, par exemple, sa visite d’un lycée de Gagny après qu’une bande de jeunes voyous y a fait intrusion. Et le burlesque de se transformer à son tour en malaise, lorsque, tel un charognard, le Leader Minimo s’empare de la chronique des faits divers pour y aller de son commentaire et annoncer de nouvelles lois.
Inexorablement, la France s’écroule sous le poids des mensonges du sarkozisme déliquescent. L’acceptation et la relative bienveillance des foules à l’égard des déclarations du Prince Président laissent maintenant la place à une sourde exaspération vis-à-vis de ce langage, non pas utile, mais utilitaire, c’est-à-dire dont la finalité ne vise qu’à maquiller et travestir la réalité pour distiller l’inquiétude et la peur dans la société et servir les intérêts des classes sociales les plus favorisées.
Il n’y a rien à attendre de bon et de positif de Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa. Absolument rien. Car sa vision grimaçante des choses se développe toujours aux dépens de la lucidité dont doit faire preuve tout chef d’Etat responsable et compétent. Son entêtement au sujet du bouclier fiscal en est un bon exemple. Alors que ce bouclier se résume en une série de cadeaux fiscaux en faveur des plus riches, ce dont certains de ses amis politiques conviennent aujourd’hui au grand jour, Sarkozy, lui, s’obstine à effrayer le petit peuple sur les risques de fuite et d’évasion fiscale de ces soi-disant « créateurs de richesses ». Sarkozy ressort les vieux couplets usés afin de les revigorer dans les mensonges. Son fanatisme vise à leur donner une vie nouvelle. Le caporalisme interne de l’UMP a fait le reste. Comme en août 2008, l’intendant Fillon s’est répandu dans les médias pour dire qu’il fallait absolument garder le cap. D’autres ont préféré opter pour les miasmes de Twitter.
Mais une fois de plus, la magie n’opère plus. Les tours de passe passe sont désormais connus du plus grand nombre. Le bonimenteur est à cours d’arguments et incapable d’insuffler à ses mots la moindre vibration. Ces derniers paraissent donc aussi secs et dégradés que la situation qu’ils décrivent et prétendent résoudre.
Au fond, ce qui est véritablement effrayant, c’est de prendre conscience à quel point le bavardage et les slogans inlassablement répétés par Sarkozy et sa bande traduisent en réalité un silence d’Etat, un silence qui préfigure de terribles et retentissants échecs.