Synopsis :
Depuis une dizaine d'années, une ex-mannequin fait des allers et retours en cure de désintoxication. Après une nouvelle tentative de sevrage qui a duré 8 mois, la belle semble vraiment déterminée et retourne à la maison familiale afin d'assister au mariage de sa soeur...
Critique :
Si des films arrivent à se survendre que ce soit par une bande annonce alléchante, un titre accrocheur ou une affiche pêchue, d’autres auraient tendance à susciter l’effet inverse. Ainsi, Rachel se marie n’est pas comme son titre pourrait le laisser supposer une comédie romantique. Il s’agit au contraire d’un film dramatique coup de point, particulièrement émouvant notamment par les choix de réalisation de Jonathan Demme. Peut être que ce nom ne vous évoque rien, mais que l’on ne s’y méprenne pas, ce monsieur est un très grand. Réalisateur notamment du Silence des Agneaux ou de Philadelphia, Demme excelle dans la mise en place d’univers pesants et des réalisations émotionnellement fortes.
Ici, nous suivons la jeune Kym, ancienne top model qui après plusieurs mois de sevrage rentre au domicile familiale afin d’assister au mariage de sa sœur Rachel. Mais ce retour à la vie normale, ces retrouvailles avec les membres du cercle proche de la jeune femme vont faire resurgir les vieux démons du passé, douloureux et violents.
Ce qui marque dans Rachel se marie, c’est avant tout le parti pris de Demme sur le choix de mise en scène. Volontairement réaliste, nous suivons les actions caméra à l’épaule accompagné d’un montage presque en direct donnant une sensation de tourné monté très immersif. Cette intrusion au sein de la famille de Kym met le spectateur en position d’invité à ces noces, au même titre que d’autres personnages plus secondaire de l’histoire mais néanmoins des diverses actions. Ce sentiment, presque de voyeurisme s’accepte rapidement et a pour lui de donner une vraie profondeur aux événements ainsi qu’aux dialogues.
La durée des séquences, parfois invraisemblablement longue prend son sens par les chutes occasionnées par chacune d’entre elles. On assiste au mariage de Rachel en tant qu’invité et non en tant que spectateur. A ce titre, il faut regarder au-delà des apparences, apprendre à patienter mais lorsque les explosions verbales ou les révélations arrivent, elles n’en demeurent que plus efficaces et destructrices (voir le monologue de Kym lors de repas ou celui prononcé devant sa sœur sur le drame survenu plusieurs années auparavant)
Mais l’autre point fort du film s’avère être évidemment l’interprétation, ou plutôt la métamorphose d’Anne Hathaway dans la peau du personnage. Son rôle lui vaudra d’ailleurs le privilège d’être nominée au Golden Globe dans la catégorie meilleure actrice. Imprégnée par l’histoire de Kym, Hathaway vie le rôle sans en sortir un seul instant. Les mimiques, les spasmes, les moments d’emportements, le regard à la vif et emprunt de tristesse, tout s’avère stupéfiant de réalisme. Bien loin de ses précédent rôle, Hathaway confirme qu’elle fait partie des actrices les plus talentueuses de sa génération.
Accompagné par des seconds rôles sélectionnés avec justesse, notamment Bill Irwin dans le personnage du père, Hathaway évolue telle une reine psychotique, fascinante et effrayante.
Rachel se marie est un drame percutant, immersif, douloureux. Un moment fort de cinéma qui marque encore de nombreuses heures après la fin du générique.
A ne surtout pas rater lors de sa sortie.
Sortie officielle française : 15 avril 2009
Rachel getting married - Trailer