A la recherche du désordre ?

Publié le 21 mars 2009 par Jlhuss

Priver chaque année des millions de personnes de leur emploi, sans en payer le prix tôt ou tard est une douce illusion. Les “perdants” ont une voix, et ils s’en serviront.  Le tremblement de terre politique risque bien de succéder aux secousses sociales.

La faute est imputable à la concurrence étrangère : voilà ce qu’on serine aux citoyens dans à peu près un journal télévisé sur deux. Le pas peut être alors allègrement franchi, entre cet argument fallacieux car incomplet, et une franche hostilité à tout ce qui est étranger. Depuis bien longtemps, des millions de citoyens des classes moyennes, déstabilisés, cherchent leur salut dans la xénophobie, le séparatisme, le cloisonnement à l’égard du marché mondial. Les exclus répondent souvent par l’exclusion.

Les “prédicateurs” du style Jean-marie Le Pen en France, mais les mêmes en Allemagne, au Québec, en Lombardie, en Écosse, ailleurs … les séparatistes, les chasseurs de boucs émissaires, se font de plus en plus entendre et leurs arguments sont de plus en plus reçus. Il y a là des facteurs de désordres très sérieux. Ce désordre dûment constaté et après “pourrissement”, peut alors justifier la reprise en main à la manière forte. Le peuple lassé du désordre applaudit toujours, dans un premier temps, celui qui le fait cesser, même au prix des libertés.

Il est étonnant que la veille d’une grande manifestation de masse à consonance sociale, le Président de la République s’exprime sur des questions de sécurité : une piqûre de rappel bienvenue à l’attention de ses électeurs de droite. Une façon aussi de déplacer les médias sur ce sujet «sécuritaire» alors que la crainte du chômage et la grogne sociale occupent les esprits et les conversations : «Il y a 222 bandes organisées en France, constituées de 2.500 membres permanents, et 79 % d’entre elles sévissent en région parisienne» «Notre pays doit enrayer les phénomènes de bandes et de haine dirigés contre deux piliers de la République, l’école et la police», a-t-il lancé. Le Discours est  décalé et très “tactique”.  Loin de nous l’idée de nier ces problèmes où de minimiser ces questions, mais les juxtaposer avec les données de la crise sociale actuelle peut relever d’une certaine manipulation des esprits.

La mission la plus éminente des hommes politiques soucieux de démocratie, est de rendre ses fonctions à l’Etat et de rétablir le consensus minimum nécessaire à une vie en société plus apaisée. A suivre certaine stratégie de communication on pourrait presque considérer que cette vision est complètement dépassée. Créer le désordre, pour ne pas dire l’organiser, par des affrontements exacerbés artificiellement, permettrait ensuite de rétablir le calme sous les applaudissements de la foule ébaubie. C’est l’histoire du pompier pyromane. C’est dangereux et indigne.

Les idéologues du libéralisme et du capitalisme débridé “roi”, ne laissent-ils pas la crise se dérouler en attisant des antagonismes producteurs de désordre? Misant sur la demande sécuritaire des peuples, ils pensent se donner les moyens de je ne sais quel dessein, à l’occasion d’un désordre organisé qu’ils auraient pu ensuite juguler : mise à profit des conflits !  Au fond des âmes, n’y a-t-il pas un mépris des peuples doublé d’un humanisme de façade, un humanisme intéressé ?

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