Mes enfants ont commencé le foot et remis aux calendes grecques l’éventuelle pratique d’un instrument de musique. Cette situation est le résultat d’un chef d’œuvre de manipulation. Extraits: «Tu sais, ce qu’il y a de bien avec le foot, maman, c’est qu’on est dehors. Ceux qui jouent d’un instrument, ils sont toujours enfermés.» «Et puis tu vois, si en plus on fait la musique, ça va faire trop, ça va nous stresser, comme ces enfants que les parents bourrent avec des tas d’activités et que toi tu dis que ces parents, ils sont cinglés.» «Moi, je veux faire de la musique, mais je veux jouer de la guitare électrique et y’a pas de guitare électrique pour les enfants. Alors je pourrai commencer seulement quand je serai grand.»
Bon, donc une fois le foot adopté et les carrières de violoncellistes envolées, il a fallu s’occuper des tenues. L’aîné et le cadet voulaient absolument revêtir les maillots polyester couverts de sponsors et les baskets dorées que leur a achetés ma belle-mère. Mais j’ai aussitôt mis le holà en leur assurant qu’à l’entraînement, personne n’était habillé comme ça. Le jour venu, mes enfants étaient les seuls sur le terrain à ne pas porter de tenues polyester – même les trois filles alibi en avaient avec dans le dos le nom d’un dieu shooteur en majuscules (une Frei, une Torres, une Hakin). Heureusement, les baskets dorées qu’ils avaient enfilées à mon insu leur ont sauvé la mise (Ronaldinho et Torres numéro 2 avaient les mêmes).
Bref, ma selfconfidence parentale est au plus bas et ça doit se voir. L’aîné m’a annoncé que la prochaine fois chez la coiffeuse, c’est lui qui donnerait les instructions. «Je lui dirai que je veux court devant et sur les oreilles, mais long derrière, avec des mèches.» J’ai dix jours pour déjouer ses plans tifs à la sauce Opel Manta.