Il y a tout juste un an, je siégeais pour la première fois au Conseil municipal de Puteaux. Quelques jours auparavant, vous m’aviez élu en accordant 4523 voix (25,37%) à la liste Puteaux Ensemble.
L’aventure Puteaux Ensemble était une belle aventure. Une dynamique qui a rassemblé des hommes et des femmes de tous horizons, de toutes origines autour de valeurs fondamentales : modernité, ouverture, tolérance, écoute, aspiration à l’excellence pour notre ville. Par la nature-même de notre démarche, nous aspirions à faire de la politique autrement, à bouger les lignes au-delà du traditionnel clivage gauche-droite.
Dommage que certains d’entre-nous, face à la défaite, aient rapidement tourné le dos à ces valeurs au profit d’ambitions politiques personnelles. Entre une opposition participative et constructive fidèle aux valeurs de notre projet et une opposition aussi systématique que stérile, ils ont fait le choix de la seconde option. Rebaptisée « Alternance Puteaux », il ne reste plus de Puteaux Ensemble que l’alliance d’un socialiste (Christophe Grébert) et d’une conservatrice démocrate chrétienne (Sylvie Cancelloni) unie sous l’étiquette MoDem dans une convergence d’intérêt fondée sur le seul désir de revanche sur Joëlle Ceccaldi-Raynaud. Au milieu de cela, un Vert (Bruno Lelièvre) qui fait figure d’otage ou de complice.
Pour servir leur dessein, il leur fallait un appareil politique. Fortement incité en ce sens par Sylvie Cancelloni et le Sénateur Denis Badré, Christophe Grébert a rejoint le MoDem, se présentant comme le « Monsieur 25% », persuadé qu’il pourrait ainsi apporter à François Bayrou la section MoDem la plus puissante dans cette terre sarkozyste qu’est le 92. Nous avons tous été incités à prendre la carte MoDem pour s’approprier une section locale qui, on l’a vu par la suite, ne voulait pas d’eux. Je tiens d’ailleurs à saluer le courage des militants MoDem de Puteaux qui ont combattu avec force et dignité ces manœuvres politiciennes et fort peu démocratiques.
Mais Puteaux Ensemble n’est pas le MoDem. Christophe Grébert et Sylvie Cancelloni auraient pourtant du le savoir, la greffe avait déjà difficilement prise lorsque cette dernière est arrivée au sein de l’équipe, quelques semaines à peine avant l’élection, flanquée d’un don de 1500 euros et de quelques dociles acolytes.
Deux élus de la liste, Evelyne Hardy (PS) et moi-même (UMP) ont refusé de se prêter à la manœuvre. Nous avons démissionné du groupe Puteaux Ensemble dès juin 2008 pour siéger en tant qu’élus indépendants.
Pour ma part, j’ai toujours affirmé mon soutien au président de la République et à sa politique de réformes. Si j’ai pu paraître jouer contre mon camp aux dernières municipales, c’est parce-que je pensais que Puteaux avait besoin d’un peu d’oxygène. La politique putéolienne paraissait un peu anesthésiée et éloignée de l’élan incarné par la campagne et l’arrivée au pouvoir du président de la République. Avec la présence de quatre listes, la campagne municipale a donné lieu à un débat exemplaire, un regain de démocratie dans une ville où les précédentes élections relevaient davantage du plébiscite. Le ballottage a sans doute amené la majorité à se remettre en question et l’a motivée pour aller de l’avant. Sa victoire est nette. Avec 53 % les Putéoliens ont exprimé un soutien clair à l’Union pour Puteaux. En plaçant Puteaux Ensemble en seconde position, très loin devant le PS, ils ont aussi adhéré aux valeurs d’ouverture et donné le signe de leur aspiration à un renouveau politique. Puteaux a changé. Elle accueille de nouveaux habitants qui ne se reconnaissent pas dans les querelles et les clans du passé. Les Putéoliens ne sont pas prêts non plus à soutenir une gauche archaïque, enfermée dans une vision socialiste du siècle dernier.
Un an après où en est-on ?
Les municipales de 2008 ont fait émerger de nouveaux visages. Marie-Sophie Mozzichonacci, Stéphane Vazia, Vincent Franchi et moi-même en faisons partie. Il y en a plusieurs autres au sein de la majorité municipale. Une nouvelle génération d’élus, qui en est à son premier mandat et qui incarne, chacun dans son camp, le Puteaux d’aujourd’hui et de demain.
Paradoxalement, Christophe Grébert et Sylvie Cancelloni n’en font pas partie. Sylvie Cancelloni combat aujourd’hui le « système Ceccaldi » dont elle était un des rouages, il y a deux mandats, lorsque, déjà Conseillère municipale, elle appartenait à la majorité de Charles Ceccaldi-Raynaud. Christophe Grébert, quant-à lui essaie de reporter sur le maire actuel et sa majorité, les schémas et les méthodes de l’ancien maire qui lui ont valu sa notoriété. Et puisqu’il n’y a plus de procès ni de persécutions, il multiplie les provocations sur son blog ou au sein même du Conseil municipal, dans l’espoir que les bonnes vieilles recettes provoquent les mêmes effets. Il ne peut incarner l’avenir : l’ensemble de son argumentation et de son opposition s’appuie sur des faits passés qui remontent à l’ancien mandat, voire avant. Il n’a apporté aucune nouvelle idée, aucune nouvelle proposition, depuis que l’éclatement de Puteaux Ensemble a éloigné de lui toutes les têtes pensantes de son programme.
Pire, en votant contre la Zac du théâtre, Sylvie Cancelloni a voté contre une des propositions du programme de Puteaux Ensemble. En votant contre le classement de la Défense en zone touristique, elle a choisi le repli de Puteaux sur lui-même que nous critiquions pourtant lors de la campagne. Sous couvert de devoir s’opposer au Maire, les élus d’Alternance Puteaux (ex-Puteaux Ensemble) vont donc jusqu’à renier le programme que nous avions proposé aux Putéoliens. Et par obsession de « descendre » le Maire, Christophe Grébert est prêt à tous les compromis jusqu’à s’allier avec son ancien « bourreau ».
Or, force est de constater que le bilan de la première année de mandat de Joëlle Ceccaldi-Raynaud est plutôt positif. On remarquera tout d’abord un effort de transparence et une nette amélioration de la communication municipale. Puteaux Infos offre un contenu rédactionnel plus riche. Une partie de nos propositions pour une ville numérique ont été mises en place : alertes par sms, place de marché sur le site de la ville, paiement en ligne des activités et des spectacles du théâtre des Hauts-de-Seine, retransmissions en vidéo du Conseil municipal sur Internet.
Des initiatives ont été prises pour simplifier les démarches administratives, comme l’installation d’un « distri pli » qui permet à chacun de retirer facilement ses documents administratifs, y compris en dehors des heures d’ouverture de la mairie. Il reste des efforts à accomplir sur l’accueil dans les services municipaux, dans lesquels on peut encore trouver les stigmates du passé. Mais le grand programme de formation inscrit au budget municipal devrait contribuer à atteindre cet objectif. De même, pour améliorer la gestion des finances publiques, une politique d’achat exemplaire a été mise en place. Elle repose sur la responsabilisation, la formation et l’implication du personnel. Elle inclut aussi systématiquement de nouvelles préoccupations, comme le développement durable.
Sur le plan du développement durable, la concertation publique a été menée autour de l’agenda 21. Pour pallier la faible mobilisation des Putéoliens dans les réunions publiques, une « mairie mobile » est allée à la rencontre des citoyens dans les lieux d’affluence, notamment aux marchés et à Puteaux en plage. Le projet de nouveau quartier des Bergères s’inspire largement des principes de développement durable. Il incarnera le Puteaux du XXIe siècle.
Dans le domaine de l’urbanisme, l’opposition de Joëlle Ceccaldi-Raynaud au projet de tour Signal, malgré le soutien du président du Conseil général et de l’EPAD, alors Secrétaire général de l’UMP, relève d’un courage politique et d’une volonté de défendre les intérêts des Putéoliens que je salue et soutiens.
En matière de solidarité, il est bien difficile d’opposer des reproches à l’action menée. La gratuité du Buséolien est une mesure qui touche particulièrement les personnes les plus fragiles. Puteaux Ensemble n’y avait pas pensé. Ce n’est pas une raison pour voter contre. La contre proposition de Christophe Grébert d’offrir un mois d’abonnement Navigo gratuit à tout nouveau Putéolien pour l’inciter à prendre les transports en commun plutôt que la voiture pour aller travailler est fantaisiste. La carte orange est remboursée à 50% par les entreprises. De même son idée d’ouvrir un bureau d’information sur les transports en commun trahit le fait qu’il leur préfère le scooter à titre personnel, sinon il saurait qu’un tel bureau existe dans la gare d’échange de la Défense.
Le nouveau Centre Médico social a ouvert ses portes, conformément aux engagements de campagne. Il est évident que cet aménagement avait été voté lors du mandat précédent. Mais la décision de l’ouvrir à tous matérialise la conception de la solidarité de l’actuelle majorité municipale. Une décision contre laquelle Alternance Puteaux s’est élevée par la voix de Sylvie Cancelloni. Dans une argumentation quelque peu confuse et populiste, mêlant défense des plus démunis et défense de la médecine libérale, celle-ci aurait souhaité que l’accès au CMS soit soumis à condition de ressources.
Face à la crise qui touche gravement les Français, Joëlle Ceccaldi a réagi avec sang froid, alors qu’Alternance Puteaux a refusé de voter tous les retours de commissions d’appel d’offres, sans discernement, au Conseil municipal de décembre. Ils oublient que les collectivités locales sont les premiers investisseurs de France et ne mesurent pas l’impact qu’aurait sur l’économie et l’emploi un brusque arrêt de leurs dépenses. La mise en place d’une cellule de veille sociale et d’une épicerie sociale constitue des réponses adaptées aux besoins de solidarité envers ceux d’entre-nous qui sont les plus fragiles.
Sur le plan culturel, la programmation a été diversifiée sous l’impulsion de Vincent Franchi. Deux événements exceptionnels ont marqué cette année : l’exposition Xi An et la première édition des rencontres musicales de Puteaux qui ont accueilli Roberto Alagna. Quant à l’éducation, la rénovation des écoles de la République et Parmentier était nécessaire. Elle a été engagée. En outre, la municipalité met en place l’apprentissage de l’anglais dans les écoles de la ville. Un atout pour l’employabilité des jeunes dans une économie mondialisée.
Ces quelques exemples ne sont pas exhaustifs et la liste serait longue. Nous aurons l’occasion d’y revenir et de la compléter dans les colonnes de ce blog. J’ai soutenu la plupart de ces décisions. S’y opposer aurait été irresponsable contraire à l’intérêt des Putéoliens.
La voie entre l’opposition constructive et le soutien critique est étroite. Elle s’appelle l’indépendance. Dans mon action, je resterai fidèle aux valeurs avec lesquelles je me suis présenté à vos suffrages. Dans le programme de Puteaux Ensemble, il y avait de bonnes idées. Celles-ci ne sont ni de droite, ni de gauche. Je m’attacherai à continuer de les promouvoir et à les faire entendre. D’autres n’étaient pas assez travaillées ou reposaient sur une erreur de diagnostic et des base erronnées. Je vous en rendrai compte également.
J’appelle tous ceux pour qui Puteaux Ensemble a été un espoir de renouveau à participer à la vie locale et à soutenir toutes les initiatives qui vont dans le bon sens. Ne vous laissez pas décourager par le triste spectacle des manipulations politiques et des déchirures qui ont jalonné ces derniers mois. Faites-vous entendre, sur ce blog, où l’expression est libre, et ailleurs. En ces temps difficiles, nous avons plus besoin que jamais d’être rassemblés et unis.
Je compte sur vous, comme vous pouvez compter sur moi.
Frédéric Chevalier