Il existe des films à ne pas mettre devant tous les yeux. Des films profondément choquant car reflétant une réalité qu’on souhaiterait ne pas exister. The Girl next Door, adapté d’un roman de Jack Ketchum, lui-même inspiré d’un fait divers réel, est de ceux-ci. Un film qui prend le spectateur aux tripes, le révolte et le laisse épuisé devant tant de perversité. Visionner ce film n’est pas une partie de plaisir. Il ne s’agit pas d’un film d’horreur « fun » qu’on regarde entre potes et dont on se décrit les meilleures scènes, mais d’une expérience extrême qui ne laissera personne indemne. Car dans The Girl next Door, l’horreur a un visage bien humain, celui d’une femme aigrie, rongée par son divorce (excellente Blanche Baker, absolument haïssable du début à la fin) et qui emporte ses enfants dans sa folie. La mécanique du film est implacable et Wilson plonge petit à petit le spectateur dans une horreur banale (du moins au début), tout en lui laissant parfois une lueur faisant espérer une issue heureuse. Les nouveaux coups du sort n’en sont dès lors que plus douloureux et déprimants. Gregory Wilson est aussi suffisamment malin pour ne jamais céder à la mode du voyeurisme actuelle. La torture subie par Meg est physique bien évidemment, mais tout autant psychologique, sans que le réalisateur n’ait besoin d’étaler les tortures ou de montrer en plein écran ce qui se passe. Les cris de Meg ou son visage sale et tuméfié suffisent amplement à être tétanisé.
Mais plus qu’un énième shocker sans cervelle, le film pose des questions essentielles et appuie là où ça fait mal. Wilson questionne constamment la moralité de son public, le rendant complice des agissements de Ruth, comme peuvent l’être ses enfants. A tel point qu’on hésite souvent à stopper le visionnage du film, non parce qu’il est trop gore, mais bien parce que l’on se sent dans une position de voyeur impuissant, comme le jeune Davy, forcé de regarder son amie se faire torturer sans pouvoir intervenir. L’implication est totale et tétanisante. Mais The Girl next Door est aussi et surtout une réflexion sur l’éducation et les responsabilités incombant aux adultes. Car finalement, dans le film les adultes sont les vrais coupables. Malgré les supplications de Meg puis les avertissements de Davy, le policier ne mène pas une enquête approfondie. Si les enfants de Ruth torturent Meg, c’est parce que leur mère leur a dit qu’ils pouvaient, voire les a même encouragés. Si Davy ne sait pas comment réagir, c’est parce que ses parents ne l’écoutent pas (affreuse scène où Davy tente de réveiller sa mère pendant la nuit pour lui parler) ou parce qu’ils lui donnent de mauvais conseils (« il vaut mieux se mêler de ses affaires » lui dit son père).
Vous l’aurez compris, The Girl next Door est un film choc, une expérience réellement traumatisante mais essentielle, pour ne pas oublier que ne pas vouloir voir et ne pas agir, c’est aussi être coupable…
Note : 8/10