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Publié le 20 mars 2009 par Sylvainrakotoarison

(dépêche)
A Madagascar, on s'affronte aussi par blogs interposés
Par Rue89 Droit de suite | 18/03/2009 | 20H34
REVUE DE BLOGS

Coup d'Etat ou insurrection populaire ? La démission contrainte du président malgache Marc Ravalomanana et la prise du pouvoir, mardi, par le jeune opposant Andry Rajoelina donnent lieu sur le Net à de nombreux affrontements.




Ainsi de ce politicien, qui s’exprime ainsi anonymement sur le site Topmada dans un billet au titre explicite, « L'histoire vous jugera » : 

« [On assiste à ] une descente aux enfers. Les Malagasy sont terrorisés. […] Jamais dans l’Histoire nos chères valeurs […] n’auront été aussi souillées. Aujourd’hui le vote des Malagasy a été volé par un homme aveuglé par le pouvoir.

« Pourquoi refuser un référendum démocratique quand on se proclame porte-parole du peuple ? Pourquoi kidnapper des hauts gradés et un chef religieux pour les forcer si on est sûr du bien fondé de son mouvement ? [...] Seule une intervention étrangère pourra raisonner ces têtes brûlées et permettre à toute la population de s’exprimer. La Haute Cour Constitutionnelle légalisera-t-elle un mouvement fondé sur la peur et les intimidations ? »



Sur le site Fijery, Ndimby A. remet lui aussi en cause la légitimité de cette prise de pouvoir mais s'en remet à la communauté internationale : 

« Toute opinion ayant l’outrecuidance de poser la question de la légalité Constitutionnelle est sévèrement pourfendue. Or, de par leur statut, les Etats ou les organisations internationales ne peuvent que condamner les coups d’Etat. [Il est  du rôle] de la communauté internationale […] de demander le respect de la légalité […] et d’avertir que si le mouvement insurrectionnel persiste et réussit, il y aura une rupture de aides. »

La question de la légalité constitutionnelle est au cœur des débats. Il y a quelques jours, Fano Rakotoarisoa s'exprimait sur ce point sur le site du Madacascar Tribune  : 

« Dans cette crise, les leaders des deux camps se réclamaient tous deux de cette Constitution [qu’ils ont pourtant] chacun à leur manière foulée aux pied, les uns pendant leurs mandats, les autres dans ce coup d’Etat déguisé. [...] Ni les uns ni les autres ne peuvent prétendre représenter la totalité ni même la majorité de la population. Quelle que soit l’issue de cette crise, la Constitution, loi fondamentale du pays, sera[it] tout au moins modifiée, sinon changée. »



Dans une note intitulée « Le putsch malgache du 17 mars 2009 »,  le blogueur Sylvain Rakotoarison déplore lui aussi la défaite de « la légalité constitutionnelle », expliquant que Marc Ravalomanana, élu démocratiquement en 2006, « avait la légitimité constitutionnelle“ tandis que Rajoelina avait ‘celle de la rue qu’il opposait à celle des urnes’. Il ajoute : 

 « La prise du palais de Mahazoarivo par les partisans d’Andry Rajoelina a été l’occasion pour la prétendue Haute autorité de transition de déclarer déchus non seulement le président de la République et le gouvernement mais aussi l’Assemblée Nationale et le Sénat. Rajoelina ne pouvait contester constitutionnellement le pouvoir du Président. Lui opposer la rue hors période électorale semble […] être un acte totalement irresponsable [et] anticonstitutionnel.

Au lieu de « préparer la prochaine élection présidentielle (normalement prévue pour décembre 2011), [ce qui] lui aurait permis de structurer un véritable parti, d’étoffer son réseau auprès d’investisseurs étrangers [et] de crédibiliser sa démarche politique, Rajoelina a voulu le pouvoir tout de suite. Au prix du sang. Son autoproclamation aurait été risible si elle n’avait pas abouti à la mort de nombreux Malgaches. »



Sur le site de 20Minutes tanoragasy, malgache vivant à Madagascar, réagit à l’article ”Andry Rajoelina confirmé en tant que nouveau président » : 

« Andry Rajoelina a créé un gouvernement “de rue”. Il a ouvert la porte du palais d'Ambohitsirohitra par la force (tir de blindé). Il a reçu le pouvoir de l'armée, après avoir kidnappé les “généraux”, le président du FJKM. Sans vote démocratique, sans référendum. Il n'est donc reconnu ni par Madagascar, ni par le peuple. Il a obtenu le pouvoir par la force car il a su payer les militaires. Pour nous, il n'est rien. »

Rares sont donc les voix qui s’élèvent pour défendre la « présidence » de transition. Sur le blog Djaladjomathematiques, Expert affiche cependant un point de vue divergent : 

« Il faut que l'Union africaine laisse l'Afrique se développer et avancer. Un président qui abandonne le pouvoir lui-même, il ne s'agit plus de coup d’Etat et que cette armée rende le pouvoir à [Rajoelina] n'est pas un problème. Le peuple malgache à fait un choix, on l'accepte, et les faits prouvent que [Rajoelina] est la solution d'aujourd’hui. »

Sur Canalblog, Elisee Sare se satisfait aussi de cette démission, qui est selon elle « une sage décision dans cette situation de non droit que traverse la grande ile, qui vaut mieux que de plonger tous le pays dans une situation de guerre civile ».

La conclusion revient à Jean-Luc Raharumanana, écrivain et poète malgache : 

« Les Malgaches ont été pétrifiés par la situation, et notamment les
intellectuels, partagés entre la « stabilité » (et acceptation implicite
donc des injustices commises par le régime Ravalomanana) et le
changement radical incarné par Andry Rajoelina (et le côté aventureux,
le doute sur le profil de Rajoelina -homme d'affaire, riche...) »

Enfin, pour ceux qui auraient râté les épisodes précédents de la crise malgache, ce petit récapitulatif en vidéos : 

Emmanuelle Bourget

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