Choisir son camp et tirer

Naguère, un parent d'élève, plus pessimiste que moi encore sur l'avenir de notre société murée, me disait que sous peu il faudrait choisir son camp. Soit ! Je le choisis ! A l'heure où j'écris ceci ma compagne s'engage dans une passe d'arme avec sa soeur ingénieur de l'aviation civile qui gagne et le mérite plus de six mille euros mensuels. Soit ! Mais l'autisme là encore. L'autisme du "bas" et l'autisme du haut. L'autisme des ordures Alain Minc ou BHL, Jacques Marseille et Séguéla, Jean-Marc Sylvestre. L'ordure de ces fientes style ancien régime et fermiers généraux et les vermisseaux rampants qui se sapent chez Sonia Rykiel et achètent des verres à 150 euros pièce? Y'en a marre ! Y'en a plus que plein le cul ! Je suis révolté par ces gens incapables de voir le délitement du réel. Il va leur péter à la gueule, dans les ateliers, dans les travées, dans les banlieues, dans les prisons, les hôpitaux, les sevices et les estaminets. Je suis très remonté. Je ne fais pas de littérature, là, je ne veux pas en en faire. Mais moi aussi j'ai choisi mon camp. Je sortirai s'il le faut de mon observatoire littéraire et philosophique car toute littérature et toute philosophie sont prétentieuses et je tirerai. Oui, s'il le faut, moi, le non violent, je tirerai. Je tirerai sur Alain Minc, sur Bhl, ces larves, pour défendre mon voisin handicapé qui vit avec cinq cents euros par mois et tant d'autres avec lui qui ne savent même pas ce qu'est une Rolex. Là, vraiment, les mots ne sont plus possibles quand j'entends ce que j'entends dans ma propre famille de cadres sup sup méprisants avec le peuple. Victimes ils sont mais ils n'ont qu'à se réveiller. Enfin bref, l'émotion me gagne et j'abdique ici toute culture. Oui, s'il faut tirer, je tirerai. Qu'importe si je suis la première victime de ma balle déraisonnable !