L’évènement du jour, c’est elle : Isabelle Adjani. Non vraiment, parce que partout où que vous lisiez, les critiques sont unanimes : parfaite, formidable, intense, exceptionnelle, jusqu’à des « Isabelle Adjani incarne la dernière grande star européenne », chant du cygne idolâtre certainement gribouillé par quelqu’un qui aurait oublié entre autres Kate Winslet, Julie Christie, Penelope Cruz, Catherine Zeta-Jones, Keira Knightley, Catherine Deneuve ou Juliette Binoche… Mais passons, l’évènement, c’est ce retour, tant attendu qu’on ne sait même plus depuis quand on l’attendait.
Et puis pour une fois, qu’il y a quelque chose à raconter le vendredi ! La Journée de la Jupe [Arte ; 20h45] est un téléfilm franco-belge avec Isabelle Adjani (on ne se lassera pas de le répéter) qui a reçu un tel accueil de festivals en projections tests, que ce dernier sortira sur grands écrans mercredi prochain ! Rien que ça… alors on en attend le plus grand bien, logiquement, de fil en aiguille et instinctivement, et pas uniquement parce qu’il s’agit d’un retour d’Isabelle Adjani. La Journée de la Jupe, c’est l’histoire de Sonia (magistralement interprétée par Isabelle Adjani), une prof dans un établissement difficile, avec le bol plein de soucis, qui trouve une arme à feu dans le sac d’un de ses élèves. Du coup, elle prend le flingue et mène tout le monde à la baguette comme s’il s’agissait d’une épée, sauf que c’est un flingue. Prise d’otages, et montée des tensions, à l’intérieur du huis clos, et à l’extérieur où les gendarmes, le RAID, l’administration et le gouvernement ne savent comment donner la réplique juste (à Isabelle Adjani évidemment, quoique Jackie Berroyer et Denis Podalydès ne soient pas là comme deux pauvres faire-valoir).
Là, une question vous taraude ! Pourquoi La Journée de la Jupe ? Eh oui, parce qu’à force de ne parler que d’Isabelle Adjani, on en oublie l’essentiel (et ce ne sont pas les fans de Jackie Berroyer qui me contrediront !) Notre héroïne Sonia porte des jupes, à tel point que ça excite les côtés obscurs des élèves et que son principal ne cesse de lui faire remarquer : « Ne portez pas de jupe ! » (formidable Jackie Berroyer !), ce abandon désespéré de sa hiérarchie, et l’irrespect pour cet habit si féminin, si classe, si propet (parce qu’il ne s’agit pas d’une mini-jupe), obligeront Sonia à réclamer parmi ses revendications « une journée de la jupe »… mais pas que ça. Et c’est dans le pas que ça, que réside toute la puissance de ce téléfilm, lorsque le pas que ça, les difficultés de la vie, les heurts sociaux, les défiances raciales, le déséquilibre générationnel, s’invitent dans le huis-clos.
Il y a des vendredis comme ça.