Garelli story

Publié le 20 mars 2009 par Kalvin Whiteoak

Au début de cette semaine, son Immensité Garelli Stéphane, ci-devant professeur, celui qui pudiquement se prénomme sur son site “a world authority on competitiveness“, expert es économie acclamé et auto proclamé s’est livré devant une parterre plus ou moins amusé à Yverdon-les-Bains à l’une des diatribes dont il a le secret.

Hurlant comme à son habitude et comme s’il parlait du haut du Mont-Chauve avec le restant d’accent américano-rollois qu’il cultive depuis des décennies pour faire plus vrai, l’expert s’est répandu avec condescendance devant une centaine de personnes invitées par un club de service local et venus entendre le messie sur la crise et la Suisse rebondissante … sans grande nouvelle convaincante il est vrai.
La crise, puisqu’il s’agit d’elle, ne vient donc selon Garelli que de quelques indigènes perdus quelque part aux USA et qui se sont endettés alors qu’ils n’auraient pas dû le faire de la sorte pour tenter d’acheter leur logement.

A cet ingrédient de base, il convient certes d’ajouter quelques banquiers qui ne savent pas gérer ni cuisiner, un plat de spaghettis avariés alla bancaria (subtil message populaire pour faire comprendre à l’homme de la rue ce que sont les actifs toxiques  ….), des agences de notation entièrement responsables et … la crise des subprimes est née et explicitée.

Le reste de ce qui se passe aujourd’hui, à savoir une crise économique mondiale, existe certes, mais n’a strictement aucune cause endogène. Le système est bon, et il faut donc faire le gros dos et attendre que ça passe.

Et de préférence séjourner en Suisse pendant la crise, car manifestement, selon Garelli, ce pays est un bateau sûr pour traverser la tempête, alors que tous ses voisins sont embarqués sur des coques de noix qui sont proches du naufrage intégral.

Quant aux prévisions du prophète, elles sont claires: la crise se terminera après l’été 2009 (parce que ça ne peut pas durer !!!! sic) et nous en verrons les effets statistiques dès la fin de l’année (car le statisticiens suisses sont escargotiques dans leur approche ).

Ensuite, comme si la chose était très difficile à prévoir, l’expert nous annonce une période d’inflation, et beaucoup de temps pour résorber tout ça. Mais la Suisse est brave, elle est compétitive, certes il y aura quelques centaines de milliers de chômeurs, mais ce chiffre est sans importance car les autres pays en auront encore beaucoup plus. Et finalement 5 % de chômage, c’est normal, presque ….

On pourrait tout à loisir reproduire plus longuement ce que l’expert a bien voulu délivrer, la substantifique moelle de son absence de message. On est restera là pour tirer quelques conclusions.

Un économiste libéral, pardon radical,  c’est comme un banquier. Le faire changer de logiciel quand il parle de la société est impossible : il est pollué par un évangile auquel on se demande parfois s’il croit lui-même, mais que ses intérêts multiples amalgamés l’obligent à transmettre.

Une remise en cause de la croissance est une hérésie qui n’atteint même pas son seuil de perception, certes éloigné mais quand même. Une modification des comportements humains dans le cadre général de la consommation lui échappe tout autant : “Il faut se faire des petits plaisirs, du chocolat, etc… pendant cette vilaine période, pour ne pas perdre le moral“, ajoutait-il même.

La conclusion la plus grave est que ce genre d’experts enseigne, et pas n’importe où. Et forme pour ne pas dire formate les générations qui seront aux commandes demain, quand son fils à lui  aura  fini de faire l’inventaire des trucs inutiles qui trainent dans sa maison.

Car la dernière découverte de l’expert, c’est qu’en Suisse nous sommes dans une économie de remplacement. Même quand Doris le veut, on ne peut pas acheter un cinquième téléviseur pour lui faire plaisir et donc on se restreint et ne consomme que pour remplacer.

On appréciera tout le côté social de ce développement, surtout pour celui qui vit du RI ou vient de se faire licencier …

Pourquoi donc ce genre de théoriciens vides passe-t-il encore pour un expert ? vaste question.

Et si ses calculs sur la compétitivité étaient aussi bons que le contenu de l’exposé de cette semaine ? Il a quand même réussi le tour de force de proclamer, sur une question anodine, que l’évasion fiscale en Suisse “c’est une amende et ça relève du Code Civil“, et “la fraude, ça relève du Code pénal et ça mène en prison” .

Avec ça il n’aura pas vraiment la moyenne …