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Au pouvoir depuis 1999, Abdelaziz Bouteflika a été réélu en 2004. Le seul obstacle à une troisième candidature a été dégagé en novembre par le Parlement, qui a levé la limitation constitutionnelle à deux mandats présidentiels.
Plusieurs personnalités de l’opposition ont décidé de boycotter l’élection et le fait qu’aucun des cinq candidats qui affrontera Bouteflika n’ait grande chance de bien figurer laisse augurer un faible taux de participation.
Les partisans du chef de l’Etat jugent qu’il mérite la confiance du peuple pour avoir sorti le pays de la guerre civile des années 1990, où des affrontements meurtriers ont opposé les forces de sécurité à des rebelles islamistes et fait environ 150.000 morts.
“Un deux trois, vive l’Algérie”, a scandé une foule d’environ 8.000 personnes jeudi dans une salle des sports de Batna, à 430 km au sud-est d’Alger, pour le premier meeting électoral du président.
“Bouteflika est le seul homme capable d’aider ce pays à sortir de la crise économique et sociale”, a déclaré Samia, une employée de banque âgée de 24 ans.
Pendant le discours de Bouteflika, la foule chantait et dansait en brandissant des portraits du président âgé de 72 ans.
CHÔMAGE DES JEUNES
Abdelaziz Bouteflika a réaffirmé qu’il comptait consacrer 150 milliards de dollars pour stimuler le développement de l’économie. Il a promis la création de trois millions d’emplois et d’un million de logements et la construction d’écoles, d’hôpitaux et d’universités.
Il a également déclaré qu’il poursuivrait la politique de réconciliation nationale qui a conduit plusieurs milliers de rebelles islamistes à rendre les armes.
Les analystes jugent toutefois qu’il sera difficile de réduire totalement le noyau dur des insurgés islamistes d’Al Qaïda au Maghreb islamique et d’assurer la stabilité à long terme du pays si le gouvernement ne parvient pas à renouer le lien avec les jeunes qui considèrent les autorités comme déconnectées des réalités.
Le taux de chômage s’élève officiellement à 11% mais il est estimé à plus de 70% parmi les adultes de moins de 30 ans. Une enquête parue l’an dernier laissait entendre que plus de la moitié des jeunes hommes algériens étaient tentés par l’émigration clandestine.
“Bouteflika est un type bien, mais je suis fatigué de la politique. L’élection n’apportera aucun changement, alors à quoi bon voter ?” déclare Abdelghani Rezaki, un employé de la compagnie des chemins de fer, âgé de 35 ans.
Le taux de participation aux élections législatives de 2007 a atteint 35%, le plus bas lors d’un scrutin en Algérie. Le gouvernement a envoyé des millions de textos sur les téléphones portables pour exhorter les Algériens à aller voter, déclarant : “Ne laissez personne décider pour vous.”
Les étudiants vivant loin de leur domicile seront autorisés à voter près de leur université. Les imams appellent également les fidèles à se rendre nombreux aux urnes.
Les attaques de la rébellion islamiste ont augmenté à l’approche du scrutin. Le bilan des violences politiques s’est élevé à 33 morts le mois dernier, le double du mois précédent.
Le ministre de l’Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, a déclaré dimanche que quelques groupes d’insurgés étaient toujours en activité mais se dispersaient et quittaient les zones où ils étaient les plus actifs sous la pression des forces de sécurité.
Il n’a toutefois pas exclu qu’ils puissent tenter de monter des opérations spectaculaires, en particulier pendant la période électorale, en raison même de leurs difficultés.