Mercredi s'est ouverte l'exposition Andy Warhol au Grand Palais à Paris, une rétrospective inédite de l'art du portrait chez le pape du Pop Art. "Le grand monde d'Andy Warhol" succède à "Picasso et les maîtres" pour présenter, du 18 mars au 13 juillet 2009, quelque 130 portraits fluorisés.
En 1963, il réalise son premier portrait de commande, celui de la collectionneuse d'art Ethel Scull. Warhol amène la jeune femme dans un Photomaton, fait des centaines de clichés pour en choisir 36, qu'il juxtapose et colorie. Qu'ils soient réalisés d'après des coupures de presse ou, plus tard, des polaroïd, tous ces portraits portent la marque de fabrique du style Warhol : visage en gros plan dont les seules grandes lignes sont conservées, format standard et couleurs vives. Agrandissement, surexposition, impression sur toile et peinture, cette technique de sérigraphie fait l'objet d'une section pédagogique, avec des documents de travail originaux sur le portrait de la chanteuse Debbie Harry, du groupe Blondie.
Acrylic and silkscreen ink on linen
Two panels: 106.7 x 106.7cm (each)
The Andy Warhol Museum, Pittsburgh
Founding Collection, Contribution The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc.
©The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc
Comme pour le format, le prix est standard, chaque portrait étant vendu au prix unique de 25 000 $ et l'artiste dit ne pas choisir ses sujets mais accueillir tout le monde. Entre 1972 et 1986, Warhol réalisera dans son antre-usine, la Factory, un millier de portraits aux multiples visages : célébrités, gotha, mannequins, riches anonymes... Ce qui a amené l'exposition à être divisée en quatre thèmes : Stars de cinéma, Artistes, Grands Patrons ou Glamour.
Figure de l'Underground new-yorkais, artiste, cinéaste, photographe, icône, people, style de vie, producteur, révélateur de talents (Basquiat, Lou Reed et le Velvet Underground).. Warhol était tout ça à la fois, un homme devenu un média à lui tout seul. Il fut un des pionniers de la télévision "populaire",se transformant en homme sandwich pour la publicité ou créant sa propre chaine de télévision, tout en étant le fondateur du magazine Interview. Se définissant lui-même comme un "artiste publicitaire" souhaitant devenir un "artiste d'affaires", Warhol disait :"j'aimerais avoir un tombe sans rien dessus. Pas d'épitaphe, pas de nom. J'aimerai en fait qu'on écrive dessus : produit".
Un produit de grande consommation qui a durablement influencé l'art contemporain et qui est entré dans le collectif, copié en série. Rien de plus facile que de se faire tirer le portrait à la Warhol en ligne grâce au logiciel
The Warholiser. Nul doute que Warhol, si il était encore de ce monde, aurait lui-même utilisé Internet comme vecteur de création, média qui facilite encore plus l'accès à ce fameux Quart d'heure de célébrité qu'il prophétisait.