SELECTION RELATIO SUR COURRIER INTERNATIONAL (qui reprend un article de The Economist) L'opinion publique, la droite eurosceptique, mais également une partie de la majorité travailliste et certains syndicats font pression sur le Premier ministre britannique pour qu'il organise un référendum sur le futur traité européen. « Une polémique qui risque de l'affaiblir dans son pays et en Europe », estime The Economist
« Ce qui devrait sérieusement inquiéter Gordon Brown, c'est que la suspicion qui pèse sur le traité n'émane pas seulement d'une petite coterie d'antieuropéens de la droite du Parti conservateur. Le député travailliste Ian Davidson estime que le référendum est souhaité par pas moins de 120 de ses collègues de la majorité. Certains ministres, y compris celui de la Justice, Jack Straw, y seraient également favorables. Tout comme plusieurs syndicats importants. Et, pour couronner le tout, certains députés du Parti libéral-démocrate, mécontents de passer pour des proeuropéens compulsifs, presseraient leur dirigeant Menzies Campbell d'apporter son soutien à un référendum.
(…) Le nouveau Premier ministre britannique est loin d'être un homme politique limpide, et sa conception de l'Europe est particulièrement confuse. Certains, à Bruxelles, estiment que son mépris apparent n'est que le signe d'un dédain pour le formalisme diplomatique et non la preuve de sa méfiance envers l'Europe. D'autres interprètent son engagement en faveur de causes comme le développement international comme un indice d'une plus grande confiance dans les institutions mondiales que dans les organisations régionales.
Quoi qu'il en soit, Brown se retrouve confronté à un grave dilemme. D'une part, la tenue d'un référendum pourrait jeter un froid sur les relations entre l'Europe et la Grande-Bretagne jusqu'à la fin de son mandat ; sans compter qu'une victoire du non pourrait forcer cette dernière à remettre en question son adhésion à l'Union. S'il n'organise pas de référendum, en revanche, Brown risque de mécontenter l'opinion publique (80 % des Britanniques sont favorables à un vote), de s'aliéner le soutien durement acquis de la presse de droite, et de nuire à son image de dirigeant plus consensuel que son prédécesseur.
Contrairement à Blair, sauvé par les non français et néerlandais, Brown ne peut guère compter sur des événements extérieurs pour se tirer d'affaire, même si plusieurs de ses ministres espèrent en privé que le traité sera rejeté par d'autres pays. Il semble que Brown n'aura pas d'autre choix que de tirer à pile ou face – et espérer tomber sur le bon côté. »
COMMENTAIRE RELATIO : Et si cette volonté générale des Britanniques de voter était exploitée par les Européens du continent pour clarifier les choses avec nos amis insulaires ? Ceux-ci bénéficient trop d’exceptions… On ne peut pas être à la fois au balcon et dans la rue.
Le statut (bien vague) d’ « association privilégiée » que proposent à la Turquie pourrait être expérimenté avec la Grande Bretagne qui ne veut ni de l’euro, ni des symboles, ni d’une Europe de la justice, ni d’une Europe de la protection sociale, ni d’une Europe de la sécurité, ni d’une, économie sociale de marché, ni…de tout ce qui devrait faire une vraie UNION.
Avec Londres, il ne faut jamais faire de concession, disait Jean Monnet. On ne l’a pas assez écouté… « Ils voudront casser de l’intérieur ce qu’ils n’ont pas pu empêcher de l’extérieur », avertissait De Gaulle. Il faudrait sans doute le ré-entendre.
Après tout, le projet de Constitution prévoyait le droit de sortir de l’Union (ce dont ne voulaient ni Monnet ni Schuman)… Mis au pied du mur et face à de vrais enjeux, les Britanniques pourraient regarder l’Europe d’un autre œil. Pour l’heure, ils tirent parti de l’Union sans en assumer tous les devoirs. Avec Londres , "septième ville française", comme grimace Sarkozy.. Et les Britanniques cyniques freinent tout ce qui pourrait ressembler à un « renforcement », y compris la candidture "européenne" de DSK au FMI. Alors…Chiche ?