J’étais un peu inquiet hier matin, ayant des signaux et des informations contradictoires sur ce que pouvait donner cette journée de manifestations.
Dès, 10h, Place Masséna à Nice, j’étais rassuré. Rassuré quant à l’affluence, au moins aussi forte que fin Janvier (20-25 000 personnes). Rassuré quant à la tonicité, les slogans les plus “mous” étant ceux des speakers officiels des syndicats. Les nombreuses pancartes mettaient en cause, bien davantage que le 29 janvier, N. Sarkozy et sa politique pour riches.
La radicalité pointe, y compris à Nice et les échos des manifestations dans le reste de la France, recueillis tout au long de l’après-midi confortent cette impression: affluence nettement supérieure au 29 janvier, confirmée par les chiffres de la police, sensiblement plus de manifestants du privé (y compris, à Nice, des employés des grandes surfaces), combativité acccrue qui n’attend qu’une ouverture et quelques perspectives pour se développer. J’ai par contre noté, à Nice, une faible participation étudiante et lycéenne, attentisme qui augure bien des prochaines manifestations.
Manifestation après manifestation, c’est le rejet de la clinquante suffisance présidentielle qui unifie toutes les revendications et on sent qu’il suffirait de pas grand chose pour l’exaspération dégénère.
La majorité s’en rend compte, évoque une “inquiétude” qu’elle “comprend” et espère des violences. En témoignent les provocations de Mme Parisot et le retour à la démagogie sécuritaire de N. Sarkozy, découvrant à Gagny, en un spectacle UMP savemment mis en scène, le phénomène des “bandes”.
Et maintenant ? C’est, à mon avis, la grande question. Les syndicats ne peuvent espérer continuer à contenir les mécontentements s’ils n’obtiennent pas la remise en cause d’une politique qui, contraintes budgétaires oblige, ne peut passer que par la suppression des mesures du “bouclier fiscal”, de la détaxation des héritages les plus élevés et de la défiscalisation des heures supplémentaires, effet d’aubaine patronal coûtant cher et aggravant le chômage. Le pipeau du “travailler plus pour gagner plus”, comme celui du “Président du pouvoir d’achat”, est moribond et commence à sentir le cadavre.
Les revendications syndicales sont donc condamnées à s’unifier en se politisant si elles veulent aboutir et trouver un relais dans des partis de gauche en un front élargi qui mette, cette fois, 4 à 5 millions de personnes dans la rue.
- L’intéressante lettre ouverte de M. Aubry sur l’enseignement supérieur et la recherche. Médiapart . Dommage qu’elle n’aille pas vers la suppression de la double filière de l’enseignement supérieur: Grandes Ecoles et Universités.
- Panorama sympa des manifs sur Eco 89.
- Le vrai bilan du paquet fiscal. AgoraVox.
- “La France devrait encore s’enfoncer dans la récession, explosion du chômage”. AFP/ Le Monde. Avec un “plan de relance” principalement constitué de dépenses déjà programmées et simplement avancées, rien d’étonnant.
- Impôts sur le revenu et revenu réel. Sur MétroMontréal. Transmis par un copain qui y vit.