Patience dans l’obscur de Jacques Very et Hubert Reeves
Ce livre touchant, publié au Canada est disponible dans les FNAC.
Jacques Very est un photographe de grand talent, dont les clichés témoignent de sa sensibilité. Il a une capacité exceptionnelle à saisir l'instant en lui conservant la spontanéité et l'émotion qui le caractérise. Amis de longue date d'Hubert Reeves, astrophysicien que l'on ne présente plus, ils ont travaillé ensemble sur plusieurs livres.
Patience dans l’obscur est un livre un peu injustement oublié dans grand public, l'éditeur canadien relativement spécialisé, diffuse peu en France et ne dispose pas de moyen de publicité de ce côté-ci de l'Atlantique.
Commercialisé par la FNAC, ce livre est facile à commander.
Postface par Dominique Ribière
Dans cette véritable ode à la femme enceinte, Jacques Very et Hubert Reeves nous conduisent au seuil de ces espaces sans âge d’où nous vient la vie. Faisant se répondre les formes rondes, ils nous amènent à comprendre combien chaque naissance donne sens aux étoiles. Par ses images exceptionnelles et ses textes inspirants, ce livre alimentera notre réflexion sur le fait que nous avons tous en commun d’avoir été porté par un autre corps. Il est étrange que tout au long de l’histoire de l’art, la femme enceinte ait été si peu célébrée, si peu représentée.
Extrait :
Préface
Couchée sur le dos, les yeux fermés, la femme enserre son ventre rond entre ses bras. Ses mains caressent le lieu de la gestation du fruit. Dans la nuit profonde de son ventre, une merveille inouïe se prépare. Ça se passe tout seul.
L’enfant naîtra à son heure. À elle simplement de lui assurer les meilleures conditions et surtout ne rien faire qui puisse nuire à son développement.
Les analogies entre l’histoire de l’univers et celle des êtres humains sont nombreuses. Un Big Bang orgasmique signale le passage du cosmos à l’existence.
Suit une longue parturience où, dans l’obscurité puis à la lumière, la matière s’organise. Les lois de la nature sont le code. D’un magma indifférencié émerge au cours des milliards d’années une succession de structures. Atomes, molécules, galaxies, étoiles puis, sur une planète, les premières formes vivantes et, progressivement, les plantes, les animaux et, un jour, chacun de nous.
Il nous est difficile d’imaginer qu’il y a quelques dizaines d’années nous n’existions pas ! Que le monde était mais que nous n’y étions pas. Qu’il a fallu un nouveau Big Bang orgasmique pour que nous passions à l’être. Que dans un lieu caché lentement se mettent en place selon les génomes réunis, les membres du corps que nous avons. Ou, mieux : que nous sommes.
[…] Nous n’avons aucune raison de penser que ce dévoilement progressif des potentialités de la nature a atteint son terme et qu’il s’arrêtera avec nous.
Selon toute vraisemblance, il y a encore en réserve dans le cosmos et dans la matière, des potentialités aussi extraordinairement supérieures à l’être humain que l’être humain l’est des premières bactéries apparues il y a quatre milliards d’années quelque part dans une nappe aquatique.
Mais nous avons une conscience avivée du fait que, comme la femme enceinte, nous avons une responsabilité par rapport à ce devenir : lui assurer les meilleures conditions pour qu’il se développe et s’épanouisse à l’échelle de ses capacités.
Hubert Reeves
(…] Planète mère… N’est-ce pas dans cette sphère, à l’abri de la pesanteur, que nous avons pris notre visage humain ?
Parfois, en regardant se faire et se défaire les vagues sur la mer, il m’arrive de songer à la patience de ces porteuses d’enfants qui savent si bien, en elles, ourler (de façon sans doute aussi obscure que lucide) le coquillage d’une oreille, comme un bijou vivant.
Il eut été facile de célébrer la vie en commençant par le début, on aurait tellement pu s’émerveiller de comprendre combien neuf mois pouvaient contenir d’éternité. Mais, il n’y avait pas de mots pour cela. La femme enceinte, enveloppée dans son mystère, n’exposait pas glorieusement la beauté de ses formes. Le prodige devait rester derrière la barrière du tabou, laissant bien des interrogations rejoindre au loin ce regard enfantin qu’on porte sur le ciel. La nostalgie du jaillissement premier fait dire à Silesius : tout a son meilleur lieu dans son origine
Jacques Very
Jacques Very a enseigné pendant de nombreuses années dans un lycée de la banlieue parisienne. Les photographies qu’il publie dans ce livre ont été prises sur une période de vingt ans sans mise en scène et sans éclairage artificiel
Photo
Hubert Reeves
Astrophysicien et vulgarisateur renommé, Hubert Reeves a publié de nombreux ouvrages. Plusieurs (Patience dans l’azur, Poussière d’étoiles…) ont connu un énorme succès et ont été traduits dans plusieurs langues.
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Editions Multimondes :
Parution : 2007-10-11
Format : 17.5 cm X 17.5 cm
Pages : 124
Reliure : souple
ISBN : 978-2-89544-111-3
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