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Cadreur : "La pression de réussir un mouvement de caméra complexe"

Publié le 20 mars 2009 par Mahee

Cadreur :

Lors du tournage d'un film, le cadreur est responsable du cadrage de l'image et de l'harmonie des mouvements de la caméra. Il travaille sous le contrôle du directeur de la photographie, chef-opérateur, dont il est le collaborateur direct. Et il suit les directives du réalisateur. On l’appelle aussi caméraman ou opérateur. Rencontre avec Matthieu-David Cournot.


Quel est le rôle exact d’un cadreur ?

Son rôle varie plus ou moins selon le type de projets et selon sa relation avec le réalisateur et le directeur de la photo. Souvent d’ailleurs, le directeur de la photo cadre lui-même (c’est mon cas). Mais sinon, pour donner une définition, on pourrait dire que le cadreur est responsable du cadrage de l'image et des mouvements de la caméra. Pour ce faire, il collabore avec le directeur de la photo et suit les directives du réalisateur.
En quoi se différencie-t-il d’un caméraman ?

Je dirais qu’objectivement les deux termes sont synonymes. Mais j’ai tendance à parler de cadreur pour tout ce qui est films, téléfilms, documentaires, clips, pubs et caméraman pour tout ce qui est prises de vue d’émissions de TV. Mais c’est sûrement un snobisme de ma part. Peut-être que l’on peut parler de cadreur lorsque le technicien ne s’occupe que du cadre, et de caméraman lorsqu’il gère d’autres choses en plus  comme par exemple les micros.
Avec quel matériel travaillez-vous ?

Toutes les caméras films de 16mm ou 35mm. Et quand je ne fais que du cadre, il m’arrive de travailler en numérique.
Quelle est votre part d’autonomie par rapport aux consignes du réalisateur et du chef opérateur ?

Lorsque je ne m’occupe que du cadre, j’essaie de m’immiscer le moins possible dans la relation entre le réalisateur et le chef-opérateur. Du coup j’ai assez peu d’autonomie mais c’est volontaire. Je me permets bien évidemment de faire des propositions si je pense qu’un autre cadre ou un autre mouvement serait plus judicieux. Mais dans ces cas-là, j'en parle au préalable avec le directeur photo.
Quelles relations entretenez-vous avec les réalisateurs ?

Plutôt bonnes. Quand je ne suis "que" cadreur, je suis les directives du réalisateur tout en faisant des propositions lorsqu’elles s’imposent. Après, cela dépend des réalisateurs. Certains sont plus en demande que d’autres.
Comment se déroule le travail avec les acteurs ?

Le cadreur ne dialogue normalement pas avec les acteurs. Si pour une raison X ou Y le cadreur veut modifier le déplacement ou la place d'un acteur, en principe il s’adressera au réalisateur. Ce n’est pas le rôle du cadreur d’interférer avec la mise en scène. Bien sûr, s'il s'agit d'une modification mineure, le cadreur peut s’adresser au comédien : cela ne changera pas la mise en scène.
En pratique depuis que le combo* a fait son apparition, on remarque une plus grande complicité entre les acteurs et le cadreur. Le réalisateur voyant la scène à distance derrière son petit écran, le cadreur devient le premier spectateur. Il est au plus près des comédiens. Et il n’est pas rare qu’après une prise, un comédien demande son avis au cadreur sur son jeu par exemple.
Comment s’organisent vos journées ?

On commence souvent par faire une mécanique. C’est-à-dire que les comédiens jouent toute la séquence avec leurs déplacements devant l’équipe ; puis on tourne tous les plans de la séquence, mais pas forcément dans l’ordre : mise en place du cadre et de la lumière, répétitions, raccord maquillage et l’on met le plan dans la boîte.
Quel aspect de votre métier préférez-vous ?

Il y en a beaucoup. En tant que cadreur, j’aime le côté intuitif du cadre et la pression que l’on a à réussir un mouvement complexe. J'aime aussi la complicité avec les machinos et l’assistant caméra, pour les décisions de mise au point notamment. Etant d’une génération où le combo est omniprésent, je profite aussi du rapport particulier avec les comédiens.
Avec le réalisateur, ce qui est agréable quand l'on ne s'occupe que du cadre, c'est de ne pas avoir l’énorme pression du chef opérateur. De plus, même si j'adore faire la lumière, je suis personnellement plus stressé quand je suis aussi chef opérateur et que je n’ai pas le temps d’apprécier tous les petits moments d’un tournage.
C’est donc très agréable de se concentrer uniquement sur le cadre.

Sur quel film avez-vous préféré travailler ?

Mon film préféré, mais qui est loin d’être mon meilleur travail au cadre, c’est Voie d’eau, un court-métrage qui était mon travail de fin d’études pour la Fémis.
Quelle est votre actualité ?

Je suis actuellement en République Dominicaine pour un long-métrage américain. J’y travaille en tant que 1er assistant caméra.

* Retour video. Le combo est un petit poste de télévision avec un enregistreur qui est relié à la caméra et qui permet au réalisateur et au scripte de regarder la scène cadrée. Généralement, le combo est placé à quelques mètres derrière la caméra, voire dans une autre pièce quand le tournage se déroule en intérieur.


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