Le Pays de Galle, champions d'Europe et champions du Monde de rugby à 7 bénéficient d'un système sportif cohérent
Je pourrais m’acharner sur les joueurs du XV de France, sur Sébastien Chabal, sur l’entraineur… Comme beaucoup l’ont fait après cette cuisante défaite contre l’Angleterre. Il me semble que les journalistes de l’ovale se trompent de cibles. Bien sûr, l’entraineur a commis des fautes, notamment sur le plan stratégique, il est un peu étrange de vouloir gagner battre les Anglais sur la puissance. Non ? Nous n’avons pas perdu contre l’Angleterre parce que notre joueur vedette a loupé un placage. Non, nous avons perdu ce « crunch » parce que la FFR et la LNR n’ont absolument rien fait pour qu’on puisse un jour jouir d’un Quinze de France, compétitif au plus haut niveau international. Les résultats obtenus contre la Nouvelle Zélande en 2007, ou contre le Pays de Galles dernièrement ne sont dûs qu’au talent de nos joueurs. Malheureusement, le talent ne fait pas tout. Les Anglais auteurs d’un match magnifique contre les Bleus sont week-end ne sont pourtant plus des caïds du vieux continent. Non, le vrai choc, la finale aura lieu ce week-end entre Irlandais et Gallois. Les deux nations celtes sont d’ailleurs les deux meilleures formations européennes au classement IRB (4ème place pour les joueurs de l’île d’émeraude et 5ème pour les Diables Rouges). Le « Crunch » n’est plus le grand choc de l’Hémisphère Nord. Pourtant, avec pas plus de 45 000 licenciés, les fédérations galloises et irlandaises passent pour des Petit Poucet à côté de notre FFR ou de la RFU.
Observons un peu le système gallois :
1-Des clubs centenaires franchisés
A la fin des années 90, le rugby gallois bâtit un plan appelé « rugby régional » d’abord très controversé. L’idée et de donner la priorité à l’équipe nationale, s’inspirant un peu du système déjà mis en place dans l’Hémisphère Sud avec le Super 14. Quatre franchises sont alors créer en 2003 : les Cardiff Blues, les Ospreys, les Newport Gwent Dragons et les Llanelli Scarlets, non sans difficultés car le Pays de Galles possède une vieille tradition de clubs. La rivalité entre Neath et Swansea est tout a fait comparable par exemple à celle qui existe en France entre l’Aviron Bayonnais et le Biarritz Olympique, les deux entités ont néanmoins dû fusionner pour la création des Ospreys. Dans chacune de ses franchises on a donné la priorité aux joueurs nationaux, même si partiellement certains joueurs étrangers sont invités à renforcer les effectifs. La grande force du rugby gallois est celle d’avoir créer ces franchises sur le socle de clubs déjà existants et de tradition centenaire.
2-Des stades ultramodernes
Alors que notre FFR ne gagne pas un sou à chaque fois qu’elle remplis le Stade de France, la Welsh Rugby Union, elle, réalise un véritable jack-pot à chaque fois que les Dragons rouges jouent au Millenium Stadium placé en plein cœur de Cardiff. Du coup la fédé galloise n’hésite pas à sortir le grand jeu à chaque fois que les joueurs gallois entrent dans leur chaudron avec un spectacle pyrotechnique (façon Miami Heat) à la clef. Nous sommes là, très loin de l’ambiance maussade de l’enceinte dyonisienne. Mieux, puisqu’elle est propriétaire des lieux, la WRU récupère de l’argent à chaque fois qu’il y a un match de foot, de criquet ou qu’un concert de Madonna est organisé au Millenium.
Mais ce n’est pas tout. Avec la création du Liberty Stadium et du Parc y Scarlet, les franchises des Ospreys ou des Scarlets disposent elles aussi d’outils ultramodernes qui feraient pâlir d’envie bien des clubs du Top 14 obligés de négocier avec la municipalité du coin de meilleures infrastructures. Newport devraient eux aussi posséder leur super stade dès l’année prochaine.
3/Un système pyramidale et une détection/formation performante
En dessous des franchises, on retrouve une Welsh Premiership regroupant les 14 meilleurs clubs du pays.
La WRU a aussi mis en place en 2005 un centre d’excellence pour former les meilleurs jeunes de la principauté parmi 45 000 licenciés.
Les jeunes joueurs laissés de côtés par les clubs sont pris par la fédération pour participer au séries mondiales de rugby à 7, pas étonnant donc que les Gallois aient gagné le dernier mondial à Dubaï. De cette façon, la WRU fait encore une fois preuve d’esprit visionnaire puisque le 7 sera très probablement une discipline olympique.
Rien d’étonnant donc que les Gallois entreront ce samedi sur la pelouse du Millenium Stadium pour essayer de remporter pour la deuxième fois consécutive le titre de Champion d’Europe !