"Oh, vous emmenez les enfants à la bibliothèque Jeudi ? Quelle bonne idée !... Bon, je vois que vous avez suffisamment de parents accompagnateurs; autrement, pour vous
dépanner, puisque je fais grève, j'aurais pu venir...
- Oh, mais madame MC, venez !... Il n'y a jamais trop d'accompagnateurs !... Et puis, MiniBri sera ravie que
vous soyez là !... Allez, je vous inscris ! "
C'est ce qu'on appelle communément perdre une occasion de se taire; mais, d'un autre côté, vu je travaille
exactement aux mêmes horaires que ma fille, je n'aurais pas beaucoup d'occasions pour accompagner les sorties scolaires. Allez, hop, il faut que j'assume mon rôle de parent d'élève !.... Mais,
d'un autre côté, au final, je fais grève pour passer une demi-journée avec des élèves; maso je suis, maso je resterai ! Certes, ce ne sont pas "les miens", ceux-là ne sont pas en pleine crise
d'adolescence mais dans la phase "pipi, caca, bébé cadum". Mouais, ça ne me change pas tant que ça, au final !
Me voilà partie avec d'autres parents d'élèves et 26 enfants de 3-4 ans... J'ai ma fille dans une main, un petit
garçon dans l'autre... Et ce charmant bambin n'a pas compris que quand il tousse, il doit mettre SA main devant SA bouche, et pas MA main devant SA bouche. Ah, les joies de la maternelle !
Il ne veut pas mes doigts pour se moucher, aussi, non ?... Ah, non, ce n'est pas la peine, il y a cet autre qui montre l'exemple en se mouchant dans sa manche (là, j'ai eu une
pensée émue pour la maman !). Il y a les petites filles, option petites princesses, qui comparent leurs superbes chaussures roses. Il y a ce relais de "j'ai envie de faire pipi", "j'ai soif"...
Waouh...
Ce qui est surprenant, avec des classes de maternelle, c'est que la moindre chose prend des proportions énormes.
Un poteau sur le trottoir sur lequel on marche. La maîtresse s'arrête. Annonce générale : "Il y a un poteau : vous vous lâchez la main pour le contourner !".
"Mais euh... tout à l'heure, j'étais devant Machin et maintenant Machin est devant moi !", avec des
trémolos dans la voix et un regard plus malheureux qu'un cocker qu'on va euthanasier.
"Je ne retrouve pas ma veste" et la crise de larmes qui en a suivi...
Je suis vraiment admirative face à la patience de leur maîtresse et de leur Atsem...
En l'espace de deux heures, on repère déjà ceux qui vont être délicats à gérer, dans quelques années, au collège :
celui qui n'écoute pas la maîtresse quand elle lui demande d'arrêter de taper son petit camarade de devant; celle qui ne se tait pas quand on raconte les histoires; celle qui a décidé de faire
des bruits non identifiables avec sa bouche quand toute la petite classe est à peu près silencieuse; l'autre qui met des tapes sur la tête à son voisin quand il pense que personne ne le
regarde.... Oh mon Dieu ! Dans quelques années, ils seront face à moi, ceux-là !
Mais, je dois reconnaître que c'était une sortie très sympa : j'ai vu une MiniBri toute fière d'avoir sa maman
avec elle; j'ai vu une MiniBri élève de première année de section de maternelle; j'ai découvert ce qu'était gérer un groupe d'enfants de 3-4 ans; j'ai noté les sourires et les étoiles dans les
yeux quand la conteuse leur a raconté deux jolies histoires...
Finalement, c'est plus simple d'être parent d'élève qu'enseignant... au moins en maternelle !