Magazine

Grève générale le 19 mars et après...

Publié le 15 mars 2009 par Menerve

Discours de la CNT à la Bourse du Travail de Lyon:

Pour la CNT, il y a urgence à donner une suite à la mobilisation réussie
du 29 janvier et faire que celle du 19 mars soit une réussite porteuse de
perspectives d’ensemble. Urgence, car chacun se rend bien compte que la
fameuse « crise du capitalisme », qui n’est en réalité pour lui qu’une
phase de réajustement, s’est très vite transformée en une crise sociale
dont les salarié-e-s sont les premières victimes et en payent les frais !
Dans le privé des milliers de travailleurs sont victimes de licenciements
et se retrouvent à la rue. Dans tous les secteurs professionnels, la
précarité ne cesse d’augmenter. Dans la Fonction publique, les annonces de
suppressions de postes vont bon train. Plus généralement, les services
publics connaissent dans leur ensemble de nombreuses attaques qui
s’apparentent à un véritable démantèlement. Cela va indéniablement
dégrader nos conditions de vie que nous soyons salarié-e-s de la Fonction
publique ou encore plus simple usager. Les services publics sont pourtant
indispensables pour répondre aux besoins de notre société et de la
population. Et nous savons que les premières victimes de la dégradation de
ces services sont les classes populaires. Le développement de ces services
publics par la défense de leur qualité et de l’emploi constitue donc une
question centrale des mobilisations actuelles. Pour tous, salarié-e-s du
public comme du privé, c’est la baisse du pouvoir d’achat, dans une
société pourtant de plus en plus riche, qui rend pour beaucoup, les fins
de mois difficiles. Le passage à l’euro, le « gel » des salaires dans la
Fonction publique et aussi dans le privé notamment suite au passage aux 35
h et l’inflation ont provoqué une baisse du pouvoir d’achat et une
augmentation des inégalités. Cela reflète plus généralement une
augmentation croissante des inégalités au niveau du partage des richesses
produites. Alors il est temps que la mobilisation prenne de l’ampleur pour
faire que la peur change de camp. Car, si on y regarde bien c’est à une
véritable « Tatcherisation » du pays qu’on assiste depuis la défaite des
mobilisations du printemps 2003. « Rouleau compresseur » qui vise à
remettre en cause plus de 80 ans de conquêtes sociales du mouvement
ouvrier et syndical. Face à cette offensive antisociale, il est temps de
mettre en place une véritable riposte syndicale. Notamment depuis 2003 où
la stratégie des grèves carrées de 24 heures a prouvé ses limites et son
inefficacité. Contrairement à 1995 où le grand « tous ensemble » contre le
« plan Juppé sur les retraites et la sécurité sociale » c’était soldé par
la victoire, même relative, des travailleurs.
Alors, il est temps de reprendre l’offensive notamment sur les questions
qui concernent la protection sociale dans son ensemble et rappelant notre
attachement au principe de solidarité qui met en pratique le fameux « de
chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », et le refus de tout
système de type assurantiel. On peut rappeler que les salarié-e-s
financent déjà l’assurance maladie par leurs cotisations. Et pourtant,
aujourd’hui, après la CSG et le RDS, avec les franchises médicales, ils
nous font payer une seconde fois. Pourtant le seul remboursement des
cotisations patronales non-versées depuis 1991, comblerait largement le
trou de la sécu…
On est donc légitime à revendiquer :
- le retrait des franchises !
- l’accès gratuit et universel à la santé !
- l’arrêt des exonérations !
- le remboursement des sommes dues aux caisses par l’Etat et les patrons !
De même, la casse frontale des régimes de retraites, entamée en 1993 et
poursuivie depuis ne cesse de s’amplifier et marque un retour en arrière
sans précédent. Ils veulent nous faire croire que ces réformes sont dues à
des manques de financement alors qu’elles sont toutes purement
idéologiques. Quand il s’agit d’accorder des milliards d’exonérations aux
entreprises, il n’y a pas d’obstacles mais quand il s’agit de financer
l’intérêt de tous ça coince. A nous d’imposer d’autres solutions… Nous
revendiquons le Retour aux 37,5 annuités pour tous et la prise en compte
de la pénibilité du travail dans l’âge de départ en retraite !
Dans ce contexte des mobilisations, il y en a qui ne demandent qu’à
converger et redonner du sens au fameux « tous ensemble ». A Lyon, celle,
par exemple, des aides-soignant-e-s et infirmier-e-s du pavillon N des
urgences de l’hôpital Édouard Herriot, en grève reconductible durant 55
jours pour défendre leurs conditions de travail et plus largement un
service public de santé digne et de qualité ; celle des personnels du
secteur social qui s’opposent aux attaques sur leur convention collective
et plus largement sur la remise en cause des objectifs de leurs métiers où
la logique est encore la même, moins d’accompagnement et plus de contrôle
social et de répression ; celle encore des personnels de l’Education
nationale, qui partout en France, depuis la grève massive du 20 novembre
2008, multiplient, en commun avec les parents d’élèves, les actions pour
la défense d’un service public de qualité ; et puis celles, ici ou là, des
travailleurs du privé qui se battent pour éviter les plans sociaux, contre
les pressions à travailler le dimanche ou encore pour obtenir des
augmentations de salaires. Et puis bien sûr la mobilisation exemplaire des
travailleurs-euses de Guadeloupe en particulier et des DOM en général. En
Guadeloupe, une grève générale massive de deux mois a permis d’obtenir
satisfaction sur des revendications essentiels pour l’amélioration des
conditions de vie, contre la vie chère, et de dénoncer les inégalités
économiques, sociales et raciales. En Guadeloupe, dans toutes les
communes, dans toutes les administrations, dans toutes les entreprises,
les gens étaient très mobilisés et en grève reconductible. Cette
mobilisation avec le choix de la grève générale illimitée JUSQU A
SATISFACTION DES REVENDICATIONS démontre que celle-ci est la plus efficace
pour obtenir satisfaction rapidement face aux choix économiques
destructeurs et inégalitaires du patronat et de l’Etat. Dans un tel
processus, les gens sont alors acteurs du changement et cesse d’attendre
qu’une minorité décide à leur place. Que face à un patronat de combat,
c’est par la grève générale reconductible qu’ON peut répondre, obtenir
satisfaction et gagner.
Refuser la bataille syndicale, ou reculer de négociation en négociation,
c’est prendre le risque d’assister de plus en plus souvent à des
implosions sociales violentes, telles celles qu’on connu les quartiers
populaires ces dernières années.
Sans aller jusqu’en Guadeloupe, en Europe aussi, face à la crise, des
travailleurs-euses répondent par la grève générale ; En Andalousie, une
grève générale à eu lieu à Lebrija pour demander une juste répartition du
travail censé être créée par les mesures économiques « anti-crise »
décidées par le gouvernement. Le 18 février dernier, a donc eu lieu une
grève générale dans une localité andalouse de 26000 habitants et a été
suivie à 90%. Là aussi, comme en Guadeloupe, le mouvement a été général :
grandes surfaces, agences bancaires, entreprises de services, secteur de
la construction, jusqu’aux kiosques, boulangeries, cafétérias, petits
commerces… tous fermés ! Seuls quelques bars et une station service sont
restés en activité. Alors certes, si la grève générale ne se décrète pas,
elle se construit. Et les organisations syndicales ont un rôle fondamental
pour cela. Au lieu de l’attentisme, elles doivent impulser le mouvement,
poser cette perspective, la soumettre au débat dans tous les secteurs de
la société, et faire qu’elle se concrétise. Il semble que les
mobilisations actuelles montrent la détermination d’une large partie des
salarié-e-s et que l’heure ne doit pas être à la modération.
D’autant plus que face à aux revendications évoquées, on nous répond que
c’est la crise, qu’il faut se serrer la ceinture… pourtant de l’argent, on
sait qu’il y en a dans les caisses du patronat et dans les fonds de
l’actionnariat ! Et dans les caisses de l’Etat aussi. Un Etat qui n’hésite
pas à accorder un plan de relance de 26 milliards d’euros pour les banques
et les entreprises alors que cela fait des années qu’on nous fait pleurer
avec un soit-disant « trou de la sécu » de 20 milliards ! Quand le
gouvernement veut trouver de l’argent il le trouve. En réalité, la
question est celle des choix, choix de répartition des richesses et choix
de société bien sûr. Soit on privilégie les profits et les bénéfices des
classes dirigeantes, soit on améliore les conditions de vie de tous par un
plus grand accès aux richesses produites et à des services publics de
qualité.
Mais cela passe par l’instauration d’un véritable rapport de force social
avec l’Etat et l’actionnariat via le patronat. La grève générale massive
du 29 janvier peut en être un point de départ. Et le 19 mars doit servir à
augmenter la pression et enclencher quelque chose. On en reparle dans les
perspectives.

POUR PERSPECTIVE :
La grève générale en Guadeloupe, peut donc nous servir d’exemple. Il est
temps d’envisager ici une grève générale interprofessionnelle
reconductible. De faire que par le blocage prolongé de l’économie on
instaure enfin un véritable rapport de force qui nous soit favorable et
qui permette d’une part d’arrêter la démolition sociale en cours et mais
aussi de renouer avec les conquêtes sociales.
Alors si on l’a dit, la grève générale ça ne se décrète pas mais ça se
construit, c’est surtout aux organisations syndicale de jouer un rôle
d’impulseur et de dynamiser ce mouvement. D’aider à le structurer et faire
que le plus grand nombre soit entraîné. Cela devrait être la tache de
toutes les organisations syndicales aujourd’hui et cela passe bien sur par
une convergence des luttes interprofessionnelles et par apporté au soutien
claire et sans faille au collectif de lutte qui se mettent en place à la
base en associant au plan géographique non-syndiqué et syndiqués dans une
démarche intersyndicale. Et on l’a vu en Guadeloupe ou dans l’exemple
Andalous cité toute à l’heure, plus une grève générale est massive, plus
elle est efficace. Alors donnons en nous les moyens. La journée du 19 mars
prochain peut-être un point de départ, profitons de cette journée pour
nous retrouver en Assemblée générale afin d’associer tous les salarié-e-s
qui le souhaitent, commençons à mettre en place des caisses de grèves pour
soutenir les plus bas salaires et les collègues les plus en difficultés…
Il est important, comme dans les Antilles, de créer un front syndical
unitaire autour d’une plate-forme sur quelques revendications essentielles:
- Pour l’augmentation des salaires selon une échelle décroissante ;
- Pour une indemnisation chômage (total ou partiel) à 100 % ;
- Pour le plafonnement des loyers et des produits de première nécessité ;
- Pour la gratuité des transports en commun et des soins médicaux ;
- Pour la requalification des CDD en CDI ;
- Pour la titularisation sans condition de tous les précaires de la
Fonction publique ;
- Pour la régularisation de tous les travailleurs-euses sans papiers ;
- Pour un retour aux 37,5 annuités de « cotisation retraite »…
A terme, la CNT milite aussi pour en finir avec ce système économique
inégalitaire et pour en finir avec l’ordre social en place. Qu’en même
temps que nous luttons pour la défense et l’amélioration de nos conditions
de travail et de vie, il s’agit aussi de faire émerger un autre projet de
société, de réhabiliter l’idée de la transformation sociale par la rupture
avec le capitalisme. Une société dans laquelle le mutualisme remplace
l’actionnariat, dans laquelle les valeurs de solidarité remplacent celles
de concurrence, dans laquelle les libertés individuelles et collectives
cessent enfin d’être bafouées. Et c’est pour cela que face à ce système
capitaliste inégalitaire, répressif et destructeur, la CNT construit un
rapport de force syndical et social dont la grève générale reconductible
apparaît comme un moyen apte à imposer l’émancipation des travailleurs et
travailleuses.
Pour la fin de la course aux profits sur le dos des travailleurs-euses,
pour la redistribution des richesses, la CNT travaille donc aussi à la
transformation révolutionnaire de cette société !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Menerve 243 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte