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2009 - Eleni Mandell - Artificial Fire - Reviews - Chronique d'une artiste sous estimée pourtant si électrique
Publié le 19 mars 2009 par Saab190780C'est une auteur / compositrice culte sans avoir encore percé dans nos consciences (elle est même adulée par Tom Waits, c'est dire...) excepté le petit buzz dont elle a bénéficié avec son sixième album Miracle Of Five sorti en 2007. Elle est américaine mais possède une passion pour la langue française (elle déclare adorer Brassens et Brel) d'ailleurs ses disques sont distribués par une maison indépendante au Canada et c'est sûrement l'une des rares californienne capable de venir à Québec en février, bref au plus froid de l'hiver.
En l'espace de six albums en dix ans, elle a été capable de se tailler une place de rêve sur la scène indie pop rock mais cette appellation ne devrait pas vous faire peur car la demoiselle a touché à beaucoup de genres musicaux : pop, rock, soul, jazz, lounge, punk, blues, folk, country alternatif, tout est passé sous les mains aguerries de cette artiste caméléon. Bad girl dans l'âme, un brin sauvageonne, elle possède à la fois l'indépendance artistique, le charisme tranquille et la force intérieure des plus grandes : Patti Smith, Marianne Faithful, etc. et la grâce de Leslie Feist ou de Cat Power. Bref, elle est parfaite et plus encore !
J'avais utilisé l'adjectif de caméléon pour caractériser Eleni Mandell et une de fois plus elle prend un nouveau visage sur cet album : alors qu'elle était dans un registre plutôt jazz et lo-fi sur son précédent opus le très recommandable Miracle Of Five, dans le cadre de cet album, Eleni a concrétisé son rêve d'adolescente : trouver un band soudé à elle, prêt à la suivre au bout du monde. Ensuite, on ressent une Eleni décomplexée, ben oui après 6 albums ne pas avoir rencontré le succès auprès du grand public, cela doit rendre plutôt philosophe et décide donc de se lâcher pour faire uniquement de la musique qui lui plaît et cela donne un résultat réellement électrique : elle met à l'honneur le style pop-noir, de l'indie pop avec un feeling jazz ou rock selon l'humeur des songs.
Je ne désire pas dans le cadre de cet album faire une review track by track, simplement parce que l'ensemble de l'album est excellentissime de bout en bout et je dirais même qu'il est jouissif, ce qui est rare vu que l'album compte pas moins de 15 chansons et qu'aucune ne peut être qualifiée de filler. Cependant, je peux mettre en avant les chansons indispensables à l'écoute : le lancinant, mystique et sexy God Is Love, une perle. Le tendre et ludique morceau pop/jazzy Right Side (qui bénéficie dans les choeurs de la présence d'Inara George, si, si, que du bonheur), l'émouvant et troublant Personal, le paradisiaque Tiny Waist et le brillant hommage aux sities pop girl sous la forme de Don't Let It Happen. Sans oublier le sublime slow burning In The Doorway, le superbe, langoureux et sombre I Love Planet Earth qui met si bien en évidence la douceur de la voix d'Eleni et le menaçant et élégiaque Two Faces.
Au-delà de l'aura évidente d'Eleni, le groupe qui l'accompagne fait une musique d'enfer (ils sont tous plus talentueux les uns que les autres), elle n'aurait pas pu trouver mieux tant l'alchimie entre eux est évidente. Arrangé dans une vision indie, minimaliste et directe, cet album est vraiment un highlight de 2009, même si apparemment les médias francophones et même les anglophones la boudent manifestement, elle aurait été un homme qu'on l'aurait déjà acclamée, encore une injustice criante.
Note Finale : A+
Artificial Fire :
En bonus le charmant titre en français : Dis-Moi au Moins Au Revoir :