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Le Tour de la Soirée en 80 secondes !

Publié le 19 mars 2009 par Maximgar

Ce titre vous laisse songeur, circonspect peut-être ? Mais tout lecteur assoiffé de bons mots pourra lire cet article en une minute vingt ! Aucun souci…
Et puis ce soir, Jackie Chan, Cécile de France et Steve Coogan, font bien le Tour du Monde en 80 Jours [TMC ; 20h40]. Du moins Cécile de France ne fait pas le tour du monde, car comme son nom l’indique, elle part de Paris, et donc arrivée à Londres il lui reste plus qu’à prendre l’Eurostar. Pour les puristes, Jules Verne à la sauce soft kung-fu du sympathique réalisateur-acteur-chorégraphe-élastique-producteur hongkongais, c’est sûrement un petit peu comme Les Misérables avec un happy-end. Pourtant la mayonnaise prend bien, l’aventure de Jules Verne et sa succession de tableaux, se transforment ici en chapelet de sketchs à l’humeur bien enfantine et aux gifles faciles.
Autre adaptation d’une œuvre littéraire : Shining [Virgin 17 ; 20h40]. Que les fans de Kubrick se calment, il s’agit de la version télé de Mick Garris, version télé en trois épisodes. Donc s’il vous venait subitement l’envie de bloquer vos trois prochaines soirées de jeudi (celle-ci incluse), c’est le moment. Que dire de Mick Garris (comparé à Kubrick) ? Mick Garris a une page dans Wikipedia qui nous apprend que Shining n’est pas son premier fait d’armes, et que Mick a un sacré c.v. en matière d’horreur (au sens noble du genre) à la télévision. Cet enseignement couplé à l’avis de mes collègues de http://www.programme.tv/ : « Un bon scénario, même adapté pour la télévision, reste toujours un bon scénario » me laisse personnellement dubitatif, (et puis comme chacun sait, j’ai réservé mes jeudis à Dexter).
Mes collègues de http://www.programme.tv/ semblent plutôt fans de Predatorman [NT1 ; 20h35] où un généticien crée un monstre à partir d’ADN d’un extraterrestre, manque de bol, le monstre s’échappe et c’est la panique un peu partout : « un film de science-fiction de série plutôt impressionnant. A découvrir. » Personnellement, je laisse le plaisir de la découverte à Christophe Colomb, et je poursuis l’exploration des programmes plutôt que les débarquements dans des scénarii suicidaires.
Sinon, bon, on est jeudi, donc Diane, Femme flic [TF1 ; 20h45], Envoyé Spécial [France 2 ; 20h35] que du classique… Moins classique, mais pas forcément mieux, Michelle Pfeiffer est prof dans un milieu hostile dans Esprits Rebelles [France 4 ; 20h35], film dont la notoriété reposait surtout sur Gangsta Paradise une chanson de Coolio, parfait massacrage dans les règles d’un vieux tube de Stevie Wonder. Un intérêt à ce film ? attendre le suivant, ou se préparer à comparer avec Arte le lendemain et Isabelle Adjani (de retour) en prof dans un milieu hostile ! Comparaison n’est pas raison, je le sais, mais télévision n’est pas vision non plus. (Je vous laisse méditer sur la profondeur de cette réflexion toute en parallèles délicieuses). Mais je peux tout aussi bien vous décourager avec cette bande-annonce sous-titrée en portugais...


Autre professeur en milieu hostile : Léon [M6 ; 20h40], où l’occasion de retrouver Besson dans sa veine du Grand Bleu du lundi, à savoir un gamin plutôt doué, magnifiant ses prises de vues rêvées même les plus boum-boum-paf-bling-boum-crash d’un soupçon de scénario qui manque cruellement à ses productions actuelles. Personnellement (je sais bien que je n’écris que des truc personnels), je ne me montre en aucun cas enchanté de cette diffusion de la version standard de Léon (que je n’aime pas), alors que sa version complète est mille fois mieux, densifiant le rapport entre Léon et Mathilda, par plus de révélation sur l’un, plus d’initiations (professionnelle et sentimentale) pour les deux, et plus d’intimité pour l’autre. Dans sa version longue, Léon se rapproche de la Gloria de Cassavetes (Cassavetes en moins), dans sa version courte, Léon se rapproche de Taxi (le taxi en moins).
Sinon, comme la Mathilda de Léon, Michele abandonne son enfance dans L’été où j’ai grandi [Arte ; 20h45]. Ou comment un garçon de dix ans des Pouilles dans les années 70, va être confronté à un dilemme qui le dépasse… une sorte de crime odieux, au fond d’un trou, une triste victime, une séquestration de l’enfance… Difficile d’évoquer L’été où j’ai grandi sans en dire trop sur l’instant où tout bascule. Où Michele devient un grand, subitement, en détestant les adultes.


Cette semaine est la semaine nationale de la lutte contre le cancer. J'ai bien cherché, et c'est malheureux, mais ça n'a rien à voir avec la télé, mais il n'y a même pas un site internet exclusivement réservé à l'évènement !!! Mais au moins, France 3 y a pensé ! et ceux qui comme moi, suivent Plus Belle la Vie avec passion et déraison s’en seront rendu compte, vue la découverte angoissante de Blanche en essayant un soutien-gorge chez Luna. Je vous passe les détails… Dans sa fiction du soir, La Vérité Vraie [France 3 ; 20h35] France 3 aborde une nouvelle fois le problème. Avec une fiction qui ne peut que laisser des craintes à la lecture du pitch : parce que Cathy (Béatrice Dalle) vit seule avec son fils Lulu, et comme beaucoup de mamans Cathy travaille quand Lulu est à l’école, sauf que Cathy est prestataire de services sexuels (non, parce que je sais pas écrire péripatéticienne), à cause d’un malheureux incendie, les affaires sociales s’en mêlent et veulent lui retirer la garde de Lulu, Cathy se bat avec toute sa rage, obtient gain de cause, mais là… elle apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur au cerveau. Oui, ce pitch fait peur… Mais mes collègues de http://www.programme.tv/ me rassurent immédiatement d’un « Un récit sensible, pudique et émouvant, qui offre un rôle fort à Béatrice Dalle. » Alors comme je ne l’ai pas vu, je n’en dirai rien.
Programme bien chargé non ?
Et ce n’est pas fini. Avec la prostitution tout d’abord ! Juste après Envoyé Spécial, France 2 poursuit dans sa séance de documentaires avec Les Travailleu(r)seuses du Sexe [France 2 ; 22h45]. Un visage différent de la prostitution y est dévoilé, loin de la traite des blanches, des réseaux mafieux, il présente de véritables « prestataires de services sexuels » bien dans leur peau, en quête de reconnaissance presque, qui comparent leurs activités avec justesse à celles de n’importe quel travail manuel.
La soirée se poursuit en adaptation de littérature, avec cette fois la rencontre de Philippe K. Dick et de Steven Spielberg dans Minority Report [TF1 ; 22h40] qui prouve une fois encore que seule une bonne plume peut faire se croire Tom et Steven. Tom, Cruise en l’occurrence y est John Anderton, chef d’une escouade de choc chargé d’arrêter les criminels avant qu’ils ne commettent leurs crimes, grâce à un système quasi infaillible. Sauf que quand le systême désigne John Anderton comme le prochain criminel, celui-ci a plutôt envie de sauver sa peau que de se passer les menottes. Les adaptations des nouvelles de Philippe K. Dick au cinéma, sont généralement plutôt réussies : Blade Runner, A Scanner Darkly, Paycheck, Impostor, Planète hurlante, et dans une moindre mesure Total Recall en sont des exemples marquants. Minority Report n’échappe pas à la règle. Il assure essentiellement dans sa représentation de la société future, simple conjecture exponentielle de nos techniques actuelles (téléphone, internet, GPS, publicité ciblée…), et dans sa qualité graphique surexposée en lumière, saturée en couleurs, qui reflète tout le grisâtre habituel et âpre des écrits de Philippe K. Dick.


Mais mon cœur balance beaucoup plus pour la seconde partie de soirée de France 4 ! Ghost Dog, la voie du samouraï [France 4 ; 20h20] raconte les aventures d’un tueur à gages black (formidable Forest Whitaker léger comme une plume des pigeons qu’il élève sur sa terrasse) totalement imprégné du Bushido, et donc, véritable samouraï des temps modernes. Le respect de ses préceptes l’oblige à se retrouver confronté à ses anciens employeurs. Une telle histoire qui aurait pu facilement dériver dans le film de baston de sabres reste étrangement planante, comme une lente poésie parfois secouée d’un petit verre d’hémoglobine cul-sec. Elle tire du choc des rencontres, des langues, des mariages mixtes bancals une sympathie étrange et fascinante : un tueur à gages black cintré et samouraï à la solde de mafieux italiens a pour meilleur ami un vendeur de glaces africain qui ne parle pas un mot d’anglais (Isaac de Bankolé complètement déphasé) mais dont les dialogues vont toujours au plus juste, comme par hasard, et le hasard c’est trop de la balle… Et puis pour ceux qui aiment Day Break, la suite et fin, c’est juste après.


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