En décidant de racheter sur le marché à hauteur de 300 milliards de $, des obligations à long terme (à 8 et 10 ans, semble-t-il) émises par le Trésor américain, la fed commence à monétiser la dette publique : elle ressort la planche à billets pour financer les plans de relance.
Selon les observateurs économiquement corrects il s’agit d’un message donné aux marchés, et en particulier aux Chinois : la fed emploiera tous les moyens conventionnels et non conventionnels pour relancer l’activité économique. Et, si les titres représentatifs de la dette américaine (qui actuellement explose littéralement), un jour, devaien t ne plus trouver preneurs, elle les prendrait elle-même directement en pension, créant autant de monnaie supplémentaire qu’il en faudrait pour ce faire…
Cette action, qui est aussi un message, a une autre conséquence : en réduisant la pression sur ces obligations à long terme, elle fait baisser les taux d’intérêt, et donc mécaniquement, elle fait monter les cours de ces obligations (car ceux-ci évoluent à l’inverse des taux. Quand les taux baissent, les cours montent). Autant de pris pour les portefeuilles institutionnels, qui en ont bien besoin.
Et, comme la BCE ne peut pas en faire autant (pour l’instant), ça fait monter l’euro… C’est bon pour les exportations américaines…
Cette initiative serait immédiatement inflationniste dans un autre contexte. Mais, avec des consommateurs qui se remettent à épargner, par précaution, pour l’instant, la crainte immédiate est plutôt du côté de la déflation.
Au delà de ces remarques plutôt banales, cette décision est une confirmation : à ce jour les autorités américaines (Gouvernement + Trésor + fed) pensent pouvoir restaurer la confiance et faire repartir l’économie avec les mêmes instruments que ceux qu’il ont toujours utilisés depuis un siècle, à savoir l’inondation monétaire et les manipulations financières, mis en oeuvre cette fois encore plus massivement qu’auparavant, et sans renoncer au statut exorbitant du dollar.
Est-ce que cette stratégie peut marcher ?
Pour un moment, peut-être.
Mais, au-delà, trop de dettes, trop de monnaie, provoqueront forcément une nouvelle bulle. Avec Warren Buffet, on peut annoncer que la prochaine bulle sera celle des obligations émises par l’Etat. Dès que les taux d’intérêt remonteront, les détenteurs de portefeuilles seront ruinés. En outre, toute reprise économique, même faible, s’accompagnerait du retour de l’inflation. Ce que certains économistes d’ailleurs souhaitent et prévoient…
Il faut, il faudra, revenir à quelques principes simples.
Les dettes doivent être remboursées, à leur valeur d’émission, en pouvoir d’achat. La morale l’exige.
Il faut les réduire et non pas les augmenter. La morale et l’efficacité économique le veulent.
Les banques centrales n’ont pas pour mission de créer de la fausse monnaie.
Le dollar n’a aucune raison d’être la monnaie mondiale de référence.
La liberté de créer et d’échanger doit s’appliquer aussi à la monnaie. Il n’y a aucune raison sérieuse pour continuer à interdire aux particuliers américains de détenir de l’or. Et, plus généralement, d’empêcher que l’or soit utilisé, si on le veut, comme une libre référence.
Pour votre épargne, pour transmettre à vos enfants, préféreriez-vous avoir des créances en dollars, eu euros ou en or ? Et de quel droit ne pourrait-on pas seulement choisir ?
Du droit le plus brutal qui soit, celui du plus fort.
Car qui, alors, ira financer les déficits publics ?…
Telle estla signification ultime de la funeste décision de la fed : « les déficits publics seront financés quoi qu’il arrive. L’épargne du monde dut-elle y passer ! Et la prospérité aussi ! »
Citation du jour : « Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres» (Alexis de Tocqueville).