Rats: les bébés de Chillito

Mort de Caouette

Douloureux départ

Caouette n’est plus. Quand le vétérinaire l’a piquée, la mort est arrivée exceptionnellement vite. La seringue encore à demi-pleine, La Faucheuse l’avait déjà emportée. Je n’ai pas eu le temps de la poser sur mon épaule pour adoucir son départ en apaisant mes angoisses. Contrairement aux autres rats qui plongent dans le sommeil avant de mourir, Caouette n’a pas fermé les yeux. Mon insoumise aura gardé les paupières ouvertes face à la mort. Hormis aux siennes, elle n’avait jamais su s’adapter aux règles. Jusqu’au bout elle sera restée fidèle à elle-même. Malgré son indéniable attachement à ma personne, ma rebelle m’a fait une dernière patte d’honneur en mourant sur la table du vétérinaire plutôt qu’à côté de ma joue. Peut-être sa façon de me dire “Tu veux que je m’en aille maintenant? Soit! Mais je ne t’accorderai pas la satisfaction de te déculpabiliser! Fuck you!” Sa mort m’est difficilement supportable. Il fallait pourtant que je le fasse. Sinon les tumeurs dégénèrent et le rat meurt dans d’atroces conditions. Mais c’est plus rude de voir partir une petite rate qui encore cet après-midi jouait, mangeait goulûment de la pâte de coing et des cacahuètes, que de mettre un terme à la vie d’un Taz qu’une attaque cérébrale avait plongé dans un état végétatif.

Avant de me rendre chez le vétérinaire j’ai pleuré. Dans la salle d’attente, alors que ma Caouette s’amusait sous mon polaire, je me suis effondrée. C’est la vie. La mort toujours l’accompagne. Mais la vie est tenace. Au début du mois prochain, Harina mettra au monde un petit tas de museaux grouillants. Malgré mes yeux embués, je me réjouis. Je sais déjà quels noms je leur donnerai.

Une heure avant sa mort, Caouette me sollicitait encore pour jouer.

Jusqu’au bout, ma Caouette sera restée un bec à sucre. Juste avant de partir chez le vétérinaire pour son dernier voyage, elle tirait avec gourmandise sur un bout de pâte de coing afin de me l’arracher des doigts. J’ai fini par le lâcher et elle par le manger, bien sûr.