De l’hygiène et de l’urine

Publié le 19 mars 2009 par Mcabon

Il est facile de repérer un restaurant propre d’un autre, plus sale. Il suffit de se rendre dans les toilettes et d’observer leur blancheur sécurisante ou bien leur crasse inquiétante. Près de l’école militaire sur Paris, on peut déjeuner dans un restaurant avenue de la Motte Picquet, près du champs de Mars, qui propose ses repas à un tarif abordable. Comme il est de coutume pour toute personne soucieuse d’hygiène, le passage à table est précédé d’un passage aux toilettes pour se laver les mains. Les yeux furètent, s’arrêtent sur quelques détails. L’endroit est propre. Quand sort des toilettes le serveur. Je m’attends alors à ce qu’il prenne la place derrière moi pour se sécher les mains après les avoir lavées. Une attente vaine puisque l’homme se dirige immédiatement vers la porte et sort de la pièce pour aller s’occuper de sa fonction et de ses clients. Le voilà donc grand chef des assiettes sans même s’être lavé les mains.

Des bols de cacahuètes aux mains des gynécologues

Dans les bars et restaurants, on a plutôt tendance à s’inquiéter des bols de cacahuètes que l’on peut trouver sur le comptoir, généralement à proximité des piliers ou de soi-même si on est un habitué. Plusieurs études ont montré qu’il était courant d’y repérer une dizaine de traces d’urines différentes en moyenne. Des études américaines ont également démontré que 6 gynécologues sur 10 ne se lavaient pas les mains entre deux rendez-vous. C’est bien connu, seuls qui sont sales ont à se laver. L‘hygiène des mains est pourtant essentielle. Claviers d’ordinateurs, poignées de portes, poignées de mains, rampes de métros… sont autant d’endroits susceptibles d’héberger en grand nombre de multiples bactéries. Les hôpitaux danois l’ont bien compris puisque dans le cadre de leur politique de prévention des infections nosocomiales (750.000 personnes touchées en France, plus de 4.000 morts chaque année pour “ces maladies que l’on n’a pas en rentrant mais qui nous accompagnent en sortant) des programmes de lavage de mains avec tableaux de suivi et tutti quanti. L’hygiène des mains comme outil de prévention. Voilà qui relève de l’évidence autant que de la nécessité.

Outil de développement économique

Dans certains pays du sud, les politiques publiques s’orientent vers l’indemnisation des individus quand ils se rendent aux toilettes. Ainsi une ville indienne a décidé d’octroyer une prime à toutes les personnes qui utilisent les toilettes publiques. On peut en voir la version française ici ou anglaise sur le site Slate. Dans ce pays, 700 millions de personnes n’ont pas accès à des toilettes en bonne et due forme. Elles s’exposent ainsi à de multiples risques sanitaires qui ne sont pas anodins : diahrées par exemple. De plus, des recherches vont être menées afin de voir si ces urines peuvent être utilisées comme engrais en raison de la présence d’une forte proportion de produits azotés. Ces usages pourraient être amenées à se développer. Ainsi, on utilise depuis l’Antiquité l’urine comme désinfectant. C’est aussi depuis la nuit des temps l’occasion de l’utiliser pour faire une bonne blague à ses copains dans un bar en l’ulisant pour remplacer la bière ou bien à ses camarades de basket. L’usage des toilettes publiques est même devenu un outil prioritaire dans le développement économique des pays du sud. Les toilettes peuvent même devenir des objets d’art comme les objets ci-dessous photographiés à Venise lors de la biennale 2007 représentant la liberté, l’égalité et la fraternité.

Dans le même temps, la compagnie aérienne low-cost RyanAir envisage de faire payer l’accès aux toilettes lors de ses vols. On compte sur les associations de consommateurs pour montrer que c’est le contraire qui devrait être mis en oeuvre. Et pourquoi pas de demander à la compagnie irlandaise de distribuer gratuitement des cocktails à base d’urine de vache sur ses vols. A lire ici également. Quand on sait qu’un homme produit en moyenne 500 litres d’urine par an, on imagine déjà le business. Message envoyé directement au serveur de la Motte Picquet : mon pourboir se trouve dans ses toilettes.

Ci-après un petit film de promotion de l’assainissement écologique au Burkina-Faso.

http://video.google.com/videoplay?docid=9125605832301403288