La dernière journée du Salon du Livre à Paris s'est déroulée à un rythme échevelé, avec quelques bides en temps forts.
En fil rouge, de 10 heures à 17 heures, participation à la journée de la SCELF, durant laquelle les éditeurs présentent leurs livres aux producteurs de films (cinéma et télévision). C'est organisé selon le principe du speed-dating, parfois sans dating. J'étais venu présenter "Le film va faire un malheur" aux producteurs ou réalisateurs. Plusieurs se sont montrés vraiment intéressés - dont des poids lourds du métier. Disons que c'est... prometteur.
Deux petites sorties durant cette présentation non-stop :
- Invité par le magazine Brèves, magazine de la nouvelle (excellent magazine trimestriel, je vous le recommande), je suis descendu donner lecture d'une nouvelle inédite "Le sixième océan". Le public était restreint, mais cela ne gêne pas : il suffit d'un auditeur/spectateur pour donner envie de bien "jouer". Il y en avait quatre. Je ne sais pas si j'ai été à la hauteur, mais en lisant ce texte à voix haute, ce texte qui a failli figurer dans le recueil "Qui comme Ulysse" et que je croyais fini-fini, j'ai remarqué deux vilaines répétitions et une approximation qui m'avaient échappé jusqu'ici. Décidément, Flaubert avait raison : rien de tel que le "gueuloir" avant de donner son bon de sortie à une nouvelle, ou un chapitre.
- De là, j'ai filé au Lecteur Studio SNCF pour une interview publique concernant "Le film va faire un malheur", suivie d'une lecture. L'intervieweuse était très fine, moi pas. Ensuite lecture, aïe ! J'avais changé de passage à la dernière seconde : Alain Absire, que j'avais rencontré la veille à la remise du prix "Plume d'agence" (il était président du jury, et moi juré) m'avait conseillé d'éviter les lectures incluant trop de dialogues. Il m'a sauvé la vie, merci Alain !
Lire un texte narratif, en calant les ponctuations, les effets de verbes, ce n'est pas trop difficile, je le fais d'ailleurs quand j'écris. Mais jouer, jouer comme un comédien, et même comme plusieurs, des dialogues, des réparties, avec des voix différentes, c'est une épreuve au-dessus des compétences de tout écrivain normal (je suis, je vous le rappelle, un écrivain normal dès l'ouverture du salon) : j'avais prévu de lire toute la séquence du Fouquet's, où Alexis, le réalisateur, présente Sammy, le malfrat, au scénariste Philippe, et je crois que je l'ai échappé belle : le passage est, paraît-il, plutôt drôle, mais trois voix, trois personnages, plus le narrateur, ç'aurait été le bide. J'ai préféré lire le passage de la projection au ciné-club de la prison, et celui où Alexis donne en trois pages, à Sammy, un résumé de l'histoire de la littérature. Un bide aussi, mais plus honorable : il n'y a eu que la moitié des auditeurs pour se lever et s'éclipser durant la lecture. Les autres devaient trouver les sièges trop confortables pour les quitter. Les places assises sont rares au salon, surtout pour manger son sandwich.
Et demain, en route pour le salon du livre de Bondues : ce n'est pas le plus grand salon de province, mais c'est sans doute le plus sympa. Là, je ne lis rien, mais, dimanche après-midi, je participe à un débat. Je compterai les spectateurs au début et à la fin, c'est promis. A la fin, ce devrait être plus facile.