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Nous sommes en automne, en ville les familles se préparent activement à rejoindre leur village natal. La famille de Sori, une petite coréenne, se lève de bonne heure pour prendre le bus qui la conduira chez les grands-parents à la campagne.
Comme tout le monde profite de Chu-sok la fête de la (pleine) lune d'automne pour se retrouver en famille, les embouteillages vont bon train et ce n'est que tard dans la journée que Sori peut enfin crier joyeusement "Mamie!".
Les uns et les autres ont mille et une choses à se raconter depuis la dernière fois et la nuit tombe sans que l'on s'en rende compte. Le lendemain matin après le culte rendu aux ancêtres et la visite à leur tombeau, la famille de Sori retrouve les villageois sur la place où musiciens et animateurs de dragons font danser les gens.
Les meilleures choses ont une fin et il faut retourner en ville reprendre le train-train quotidien: Sori fatiguée s'est endormie sur le dos de son papa, rêvant de sa mamie dont elle s'ennuie déjà. La ville dort, fatiguée de ces jours de fête.
"Sori et la lune d'automne" est un des albums concourrant pour le prix des Incorruptibles 2009. Il a la particularité d'être un récit plutôt linéaire où l'illustration tient la place la plus importante: le texte n'existe que pour amorcer le récit des images d'un foisonnement de détails hallucinants. L'enfant, comme l'adulte, prennent plaisir à scruter les dessins où les tranches de la vie quotidienne sont multiples et parlants. Ainsi, les jeunes lecteurs partent-ils à la rencontre d'une culture étrangère fascinante, découvrent-ils une ville et un village qui malgré quelques références communes sont loin de ressembler à ce qu'ils peuvent connaître. Les minuscules détails n'échappent pas au regard aiguisé des enfants: une affiche collée sur la porte d'un magasin est ôtée en fin de récit...pourquoi? Par qui?
Autant de détails qui amènent à s'interroger sur le sens de l'histoire, la présence utile ou non des images, en quoi l'image apporte-t-elle une autre dimension au texte ou remplace-t-elle ce dernier. C'est cette richesse iconographique qui donne une force à l'histoire et une place, malgré tout importante, à la petite Sori que l'enfant peut suivre à chaque page.
Une très belle découverte et une riche ouverture sur une autre culture: l'enfant découvre que la mémoire envers les disparus n'est pas la même partout, que la nature est encore très présente dans les rites festifs de certains pays, qu'en Asie il y a un arbre protecteur à l'entrée de chaque village, esprit tutélaire et bon!
Album traduit par Noëlla Kim
Chuseok Bonus:
Chuseok (fête de la moisson) se célebre dans toute la Corée et est une des fêtes les plus importantes avec Solnal (nouvel an lunaire). Un éxode massif, tout le monde retourne dans son village d'origine pour retrouver sa famille (en général chez le doyen) et ainsi remercier les anciens de l'abondance des récoltes.Les autoroutes de Seoul sont saturées, environ 1.5 Millions de voitures ont circulés hors de la capitale.On y goute des plats typiques pour cette occasion, les Tteoks (patisseries coréennes), Songpyeon (petits pain fourré aux haricots, chataignes, soja...).
Chuseok est également connu sous le nom de "Hangawi" qui signifie "la moitié du mois d'août" (15 août), selon le calendrier lunaire. Chuseok fait partie des trois jours fériés majeurs en Corée avec Seollal et Dano. Reflet du passé agraire de la société coréenne, Hangawi marquait le jour pendant lequel les Coréens remerciaient leurs ancêtres pour la récolte et en partageaient les fruits avec leur famille et amis.
Bien que l'origine exacte de Chuseok soit inconnue, Chuseok serait né d'un ancien culte voué à la lune. La présence du soleil était jugée naturelle mais celle de la pleine lune, une fois par mois, était perçue comme un bon présage. Le 15 août était le jour où la pleine lune était la plus impressionnante, ce jour devint donc une des fêtes les plus importantes du pays.
L'avis de Ricochet