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La Fed, la grève... et l'avenir

Publié le 19 mars 2009 par Careagit
Vous allez dire que je prends la grosse tête et que ça commence à suffire. Je ne vais pas remuer le couteau dans la plaie mais il y a quelques semaines, je disais dans un billet:
Face à la seconde vague de la crise économique, la Banque centrale US est au maximum de ses possibilités de relance, les Etats, endettés jusqu'à n'en plus pouvoir, ne disposent plus d'énormes marges de manoeuvres. Demeure la BCE qui a su se constituer le matelas nécessaire à une seconde phase d'action et les dévaluations monétaires pour les pays disposant encore des leviers d'actions, tractations efficaces mais risquées. [...] Les conséquences de la crise économique se multiplient partout sur la planète et continuent, effaçant d'autant les efforts pourtant importants des Etats et des Banques centrales. Inquiétant.

Comme vous pouvez le lire, j'étais inquiet. Inquiet de voir la crise chaque jour devenir plus profonde, inquiet des conséquences sur les ménages et les entreprises. En haut, les organes décisionnels donnaient des signes de crispations, Etats, FED, BCE, tous ont placé la poignée dans l'angle ne s'offrant que peu de possibilités de ré accélération.
La Fed n'échappe bien sûr pas à ce constat. Avec des taux directeurs à zéro, difficile de faire plus fort dans la relance du crédit. Hier pourtant, la nouvelle est tombée, bousculant quelque peu les marchés financiers et notamment le billet vert... La banque centrale américaine va acheter 300 milliards de bons du trésor (émis par l'Etat US) dans les six prochains mois. Cela n'a pas l'air comme cela mais c'est un coup de force impressionnant. Impressionnant par sa taille, par sa rapidité d'action mais aussi par les conséquences que cette décision peut entraîner.
Cette décision, ne nous y trompons pas, revient clairement à faire fonctionner la planche à billet. Ce n'est rien de plus qu'un gonflement artificiel de la demande de bons du trésor US pour absorber l'offre émise par l'Etat. Visiblement, Washighton estime qu'il a besoin de financement pour relancer l'activité, il s'endette, émettant cette dette sur les marchés obligataires. Pour ne pas risquer le déséquilibre du marché et donc une dépréciation importante du dollar, la FED annonce donc qu'elle se portera acheteuse de ces titres.
Le soucis, c'est que dans un tel système, la manipulation de la planche à billet est souvent synonyme d'inflation. Sur cette décision, deux camps s'opposent donc. Ceux, dont je suis, qui estiment que le règlement de cette crise ne doit pas déboucher sur une autre crise, inflationniste celle là, à moyen terme. Et les autres, comme les dirigeants de la FED, qui estiment que tout les leviers doivent être mobilisés pour sortir de ce mauvais cycle et que, considérant la faiblesse actuelle de l'activité économique, le risque inflationniste est d'autant déprécié.
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Sinon, mois grave, en France aujourd'hui c'est la lutte finale grève. Ce devrait être un probant succès. On peut discuter des revendications, de leur pluralité, des fondements réels de cette grève, se questionner sur le pourquoi du comment, est-ce un mouvement de crainte de l'avenir ou de réels mécontentements. Cela dépend des profils... et je n'ai pas très envie de disserter sur la chose.
Ce qui est sûr en revanche, c'est que le schéma classique d'opposition se reproduit, chaque fois que la situation sociale se crispe en France. Ce schéma m'exaspère profondément (et c'est peu dire) mais je crois que notre culture est telle qu'il ne changera jamais. La grève, la contestation et le clash violent. L'opposition classique entre le peuple et l'Etat. Faut pas déconner, le dialogue social, ça va bien pour des détails de la vie courante.
Tout cela passe au dessus des entreprises. Non, pas les 40 entreprises qui constituent le CAC, elles sont alignées derrière le MEDEF (qui ne fait pas preuve d'ouverture d'esprit sur le coup), mais les millions d'autres, etranglées par les banques, aveugles sur l'avenir et l'évolution de leurs marchés. Cet aprés midi, défileront dans les rues des millions de personnes. Les syndicats réclament des réponses sous peine de faire évoluer le conflit vers un conflit larvé, prolongé dans le temps. Tout le monde le voit venir, il semble inévitable...
Des réponses donc, la plèbe en réclame devant le palais du Roi. Si le Roi ne cède pas, c'est l'escalade. Si le Roi cède, l'on entre alors en phase de turbulences. Les entreprises seront de nouveau de la partie, l'Etat les pressera d'obtenir des solutions pour honorer les promesses faites par les politiques à longueur de journaux télévisés. Que proposer lorsque les chiffres plongent, que les banques ne couvrent même plus la trésorerie (je ne parle même pas des investissements), que les rentrées se font rares et que les charges progressent ? Impasse. Oui, ce conflit mène dans une impasse.
L'on rognera sur les faibles marges, peut être... Avant de s'étonner de la faiblesse de nos investissements ou de notre incapacité à se projeter hors de nos frontières. On inventera des contrats aidés, des subventions inefficaces, l'on rajoutera un étage de plus au chateau de carte français. Badaboum.
Le peuple demande des comptes à ceux qui ne sont pas de décisionnaires. Le peuple demande du respect et de l'éthique. Il a raison. A cause des agissements de certains, couverts par l'attitude ridicule du MEDEF et la fronde médiatique, l'on dérape, une fois de plus, vers un affrontement entre l'Etat et le peuple. Un jour, il deviendra urgent de poser la question de la représentation syndicale du patronat. Le Medef couvre-il encore l'intégralité du paysage patronnal français ou n'est ce qu'une marionnette agitée au sommet de l'iceberg ?
H16 tu as raison, ce pays est foutu.

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