Déjà amplement rebattu, le concept de crise comme alibi médiatique ne nous
sert pas d'excuse, mais, assumons le terme : d'opportunité.
C'est en effet le point de départ d'une réflexion qui aurait dû être initiée
bien plus tôt et à laquelle les entreprises n'ont plus d'autre choix que de
s'atteler dans la tourmente. Il y a ceux qui font attention à leur corps et se
soucient de leur régime alimentaire depuis toujours et ceux qui, paresseusement,
ont attendu d'être confrontés au choc de la pesée pour amorcer un régime
drastique. De même, les entreprises engoncées dans de mauvaises habitudes vont
devoir s'affranchir de leurs process laborieux aussi certainement qu'un patient
cardiaque devra lutter contre ses tissus adipeux s'il veut vivre plus longtemps.
Et la métaphore convient d'autant mieux pour deux autres raisons fort à propos :
1) les Intranets 1.0 et autres outils du même ordre (CMS, SGBD informatifs,
etc.) étaient sources d'infobésité, par opposition au ciblage
frugal mais pertinent des informations calibrées et filtrées par les nouveaux
outils relationnels ;
2) changer la culture d'un entreprise pour basculer en mode "2.0", c'est-à-dire
en mode collaboratif, participatif, transparent, sera aussi ardu qu'un
bouleversement de régime alimentaire. C'est une fracture qui s'accompagne
nécessairement d'autocritique.
Dans ce plateau Vincent et Xavier apportent leurs expériences opérationnelles de
la migration vers le 2.0 : attention à ce que les enjeux soient bien compris,
attention aussi à ce que l'outil ne soit pas pris à tort comme une fin en soi.
Attention enfin, et c'est là l'erreur la plus grave et la plus fréquemment
commise, à ce que le "décret 2.0" ne soit pas contre-productif (ce qui est déjà
forcément sous-jacent quand on le décrète...) : le 2.0 est par essence "bottom-up"
: il part de la base et doit être intégré comme tel par le management. C'est ce
qui garantit qu'il peut être source de motivation et d'implication durables.
Petite note importante sur le "2.0" : ne nous efforçons pas de
croire que les media sociaux de dernière génération invalident totalement les
inventions du 1.0. Le terme de "2.0" a ceci de trompeur qu'il semble indiquer
une "upgrade" : or c'est un complet changement de paradigme d'une part, sans
forcer d'autre part quiconque à dénigrer ce que les précédents outils avaient
conquis, bien au contraire. L'une et l'autre catégorie d'outils ne s'excluent
pas mutuellement mais se marient bel et bien pour s'enrichir de leurs apports
respectifs. Simplement, les entreprises ne pourront pas plus occulter les
plateformes sociales qu'elles n'ont pu se passer des premiers CMS ou des
premiers Intranets : les préoccupations exprimées sur ce plateau le montrent
d'ailleurs très bien - point de salut pour l'entreprise qui serait tentée de
jouer l'autruche quand ses concurrents s'engagent sur ces nouvelles technologies
de l'information.
Le web 2.0, dans lequel était forcément en germe l'Entreprise 2.0, a ouvert des
voies et des prises de conscience que l'entreprise ne peut plus ignorer, tant
elles correspondent non seulement à une évolution culturelle profonde, basée sur
des usages irréversibles, mais qui plus est dans un contexte (celui d'une crise
de confiance aux ramifications interminables) où les modèles dominants du
management sont questionnés et où leur remise en cause puise sa force dans une
aspiration éthique et un élan sociétal inégalés dans ce domaine. "Ca ne peut
plus durer", tel pourrait être l'un des mots d'ordre et de ralliement en
filigrane de toutes ces micro révolutions qui éclatent de ci de là dans le
management des systèmes d'information visibles actuellement au sommet de
l'iceberg. La partie immergée étant la partie vitale de la stratégie
d'entreprise.
Je conclurai en vous invitant à méditer avec moi le passage concernant
le revirement de discours daté selon Vincent d’un article publié au Canada en
2006 par Mintzberg, en effet saisissant et qui me laisse rêveur :
Mintzberg, jusqu’alors (et toujours) source d’inspiration pour de nombreux
dirigeants d’entreprise, récuse désormais la notion de « leadership » au profit
de celle de « community-ship ». Cette réflexion me semble passionnante pour
plusieurs raisons :
1) parce qu’elle me rappelle une réflexion somme toute pas si éloignée de
Howard Bloom dans Le Principe de Lucifer (un des livres qui ont
changé ma vision du monde) : c’est dans un chapitre de son livre intitulé
« le mythe de Clint Eastwood » qu’il évoque avec humour les
héros d’une autre époque, comme Dirty Harry, lorsque l’on croyait le héros tout
puissant et totalement indépendant de toute influence, n’ayant jamais besoin des
autres. Nous ne définissons notre rôle social, et même, jusqu’à nos réflexions
les plus intimes, que sous l’impulsion omniprésente de notre rapport à autrui.
Le comprendre et l’intégrer dans son quotidien peut être un bon moyen de se
convaincre de la nécessité de ne jamais perdre confiance dans le nécessaire
feedback d’une équipe et d’entretenir cette collaboration fructueuse dans le
temps avec cet environnement social (les vrais misanthropes meurent tous jeunes,
au même titre que les entreprises qui cloisonnent trop);
2) parce que c’est l’exemple type d’une idée dont on peut appliquer les
enseignements au quotidien en procédant à son autocritique et en définissant de
nouvelles procédures collaboratives qui en seront l’aboutissement logique – le
tout, très facilement grâce avec l’aide des outils du 2.0 !
3) parce que j’ai terriblement besoin de voir ce sujet précis être
développé et poursuivi sous la forme de nouveaux plateaux (et sachant qu’ils
devraient même donne lieu à des séminaires très salutaires !) : qu’en
pensez-vous ?
Quelques bonnes raisons de regarder ce plateau :
Comprendre et partager l'expérience et les recherches de ces experts passionnés
d'Entreprise 2.0.
Les points abordés : les différences entre Intranet 1.0 et
Intranet 2.0, les enjeux associés aux bons usages de l'Intranet, les résistances
au changement, les écueils à éviter quand on décide d'amorcer le virage du 2.0
en entreprise, comment mettre le pied à l'étrier, ROI d'un Intranet
collaboratif, les sources du retard français.
Réagissez ici même (onglet "vos réactions") et ils vous répondront
- par écrit mais aussi dans les prochains plateaux sur ce thème.
Avez-vous remarqué ?
Quelques nouveautés qui améliorent encore la qualité de votre expérience sur
TechTocTv :
- slideshow synchronisé avec la vidéo du plateau,
- player amélioré intégrant des chapitres (qu'on peut cliquer dans la barre de
défilement),
- des infobulles dynamiques qui remplacent les titrages pour une meilleure
lisibilité,
- un partage facilité du player complet (merci à l'équipe technique de
Webcastory pour ces évolutions),
- une plus belle lumière aussi sur le décor non ? (beau travail du chef op !)
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