La colère est ce qui fait avancer les sociétés. C'est en voulant supprimer les injustices que la civilisation se maintient. La crise alimente la colère et la colère se nourrit de la crise. Dans les faits comme dans les mots, s'installe un sentiment d'injustice qui tourne en rond et ne peut s'évacuer. Le philosophe allemand Peter Sloterdijk avait étudié le phénomène dans son livre Colère et Temps. S'il expliquait que la colère, depuis Homère, depuis la fureur d'Achille, était ce qui faisait avancer les sociétés, il montrait également que cette colère ne pouvait se maintenir sans dommage pour ces mêmes sociétés. D'où la nécessité de l'évacuer ou, à défaut, de la canaliser voire de la domestiquer. Ce fut et c'est toujours le rôle du politique et du religieux.[source : Bétapolitique]
Pour le philosophe, il faut réformer le système colérique. Il ne peut l'être que par la morale, l'équité, le sentiment de justice, c'est-à-dire revenir au principe de la redistribution. La colère ne doit pas renoncer à l'intelligence. Elle doit, selon ses mots, servir à « rectifier les comptes de la souffrance et de la justice dans un monde sans équilibre moral.»