La semaine passée, BVA, La Tribune et BFM en partenariat avec l’agence de publicité Leo Burnett révélaient un sondage d’un
genre peu connu. Sur le papier, rien de très nouveau puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’un observatoire de marques (Brandsactoberver dans le texte). On imagine déjà la passionnante étude
sur le comportement de la ménagère confrontée au dernier yaourt au Bifidus à la mode. Rien de tout ça.
En fait de marques, ici BVA a choisi de tester nos politiques. Le but du jeu consiste à jauger essentiellement l’action des personnalités politiques sur leurs capacités à changer les choses, à faire ce qu’elles disent et à se préoccuper des problèmes des Français. Bref, les quelques poncifs habituels dont la signification politique se révèle à peu près aussi pertinente que l’horoscope du matin. Si Nicolas Sarkozy reste le plus crédible pour « changer les choses » et « tenir les engagements pris », Olivier Besancenot explose le chef de l’Etat (43% contre 28%) dans la catégorie «S’occupe de vos problèmes». Résultat : Besancenot s’avère être la personnalité la politique préférée et la plus au fait des problèmes des « vrais gens ».
Besancenot, leader sur les moins de 64 ans
Mais préférée de qui ? Le sondage a, en effet, été réalisé auprès d’un échantillon de 1059 personnes représentatif de la population française…âgée de 18 à 64 ans. Excluant de fait, la population
des plus de 65 ans, qui a voté en faveur de Sarkozy à plus de 70% lors de l’élection présidentielle. Compte tenu de cette exclusion arbitraire de nos vaillants aînés, rien d’étonnant dès lors, à
ce que tous les représentants des partis traditionnels se retrouvent à la remorque du facteur-biographe du Che. Bayrou, Aubry, DSK, Fillon sont tous à la peine.
BVA en conclue que seuls sont plébiscitées les personnalités perçues comme plus radicales. Un peu rapide peut-être. Mélenchon n’y figure même pas. Et pourtant la radicalité de son discours n’a pas grand chose à envier à celle de Besancenot.
S’inscrivant dans une logique de marque, relevant de la seule visibilité, ce sondage perd toute signification politique. Il constitue même un comble pour l’icône Besancenot, porté au pinacle par une véritable étude de marché politique. Les alliés de Sarkozy n’en demandaient pas tant.
Régis Soubrouillard pour Marianne2