Que l’espèce d’ours du Kamchatka ne cesse de diminuer avec la disparition de son habitat naturel(1) importe peu, ce qui compte c’est le plaisir du meurtre, abattre une bête qui hiberne suffit à combler certains êtres humains. Ce type de chasse qui s’apparenterait plus à un assassinat est pourtant interdit en Russie, mais il est très simple de contourner la loi moyennant 7500 euros. En plus le flingueur ne prendra aucun risque et pourra ainsi revenir la saison prochaine pour abattre enfin le dernier ours de son espèce.
Heureusement pour les flingueurs, des agences en Europe se proposent de vous offrir le grand frisson, d’abattre une bête de plus de 300 kilos en pleine tête. Nous avons joué les clients intéressés par ce type de chasse pour savoir s’il était possible depuis la France d’aller affronter un ours endormi. Spécialisé entre autres dans le grand gibier, Voyage-chasse nous a répondu que les périodes de chasse proposées par l’agence ne concernaient pas les mois où l’ours hiberne.
Malheureusement il est aisé d’en trouver des moins scrupuleuses. Ainsi plusieurs agences russes, dont certaines situées à Saint-Pétersbourg, sont très vagues quant aux périodes de chasses à l’ours. Certaines précisent que ce type de chasse s’effectue toute l’année sauf durant les mois d’hibernation, tandis que d’autres proposent précisément les périodes d’hibernation. Ainsi Profilhunt nous convie à tuer un ours du 1er septembre au 20 février puis du 20 avril au 15 mai, ne laissant ainsi à l’animal que le mois de mars pour hiberner.
Il ne faut pas chercher de cas de conscience, ni même de désir de protection de l’espèce avec ce mois concédé à l’ours, mais bien plutôt un roulement commercial entre agences afin d’organiser une tuerie tout au long de l’année.
Laurent Monserrat
- La population d’ours du Kamchatka serait estimée à près de 100 000 soit l’une des plus importantes au monde d’après les autorités locales. Toutefois, la destruction de leur écosystème conduit les ours à se rapprocher des villes afin de pouvoir s’alimenter. Des campagnes d’abattages massifs ont donc été organisées pour diminuer sensiblement leur nombre. Rajoutez à cela la venue de chasseurs occidentaux, les ours de Sibérie pourraient disparaître dans quelques années.
- Photographie : Sipa