Tupiza
Tupiza et Villazon, Bolivie.
Située en plein dans la cordillère de Chicas, la petite ville de Tupiza est loin d’être célèbre pour ses filles. Ici, les dames dans les commerces sont toutes des grognasses. On encourage tout de même l’une d’entre elles qui vend une salade de fruits succulente.
Cette ville tranquille qui s’endort tôt est entourée de paysages westerns dignes des meilleurs films de cowboys : canyons rougeâtres, rivières intermittentes et forêts de cactus. Vous comprendrez que le tourisme ici s’est développé à dos de cheval.
On se dit pourquoi pas, cela finira gaiement notre séjour en Bolivie. Nous voici donc un beau matin, les jambes écartées sur une selle, Nad, moi et le guide, qui a davantage l’air d’un joueur de Guitar Heroe que d’un gardien de bovins. Le soleil dans les yeux, on commence notre randonnée à la recherche des portes du Diable, de la vallée des Machos et du canyon des Incas.
Au bout d’une heure et demie, on a vu les trois attractions ; deux grosses roches séparées par un trou, une vallée qui ressemble à une vallée et un bébé canyon. En plus, pas moyen d’avancer sans que mon cheval ne s’arrête pour brouter.
Définitivement, les tours d’une journée ou moins ne sont jamais très intéressants. On ne voulait pas rester trop longtemps dans ce coin de pays, c’est pour cela qu’on a laissé tomber les randonnées de plusieurs jours à cheval, qui, ma foi, doivent être beaucoup plus passionnantes.
Vient le temps de trouver un moyen de sortir de cette ville. À la gare de train, une file immense nous confirme que le trajet est populaire et bon marché. Le seul problème, c’est qu’il n’y a plus de numéro à tirer, et donc, plus d’ordre dans l’attente. C’est un vrai foutoir. Pendant que je fais quelques courses, Nad travaille sa patience entre les vieux fous qui se croient tout permis, les dames aux chapeaux melons et tous les autres qui se faufilent l’air de rien en croyant que personne ne les a vus. À mon retour, la pagaille qui s’amplifie nous fait choisir l’autobus.
Quatre heure du matin, le lendemain, on arrive pile à l’heure. Le bus, pas. Presque une heure plus tard le moteur démarre, nous sommes heureux, il est encore tôt et nous pourrons traverser la frontière à une heure décente, à moins qu’une rivière nous bloque le chemin ?
Il suffisait de demander! Le bus arrête derrière une file de camions, et plus loin, une rivière. Ça y est, on se dit que nous en aurons pour un autre 30 heures à se rendre à Villazon, l’imagination et la mémoire se querellent pour nous concocter le pire des scénarios.
C’est à peine vingt minutes plus tard que le chauffeur décide de casser la glace et de tenter le coup…
Un peu de vapeur en dessous du bus et c’est reparti pour quelques heures de route. Nous n’arriverons pas trop tard à la frontière la plus achalandée de Bolivie.
J’ouvre mes yeux à l’arrêt du bus, nous sommes arrivés. En tournant la tête, je constate une Nad blanchâtre. Le temps de bloquer les gens pour qu’elle sorte en vitesse et ça y est, notre sac de pain est devenu salade de fruit
Villazon, ville laide et inintéressante, où la place centrale ressemble à une guerre civile, nous accueillera pour au moins une journée, le temps que Nad se remettre sur pied. Elle a franchement le don de me faire découvrir de beaux endroits. Je lui paie le plus bel hôtel de la place qui inclut dans sa liste de règlements le droit d’expulser les minorités, rien de moins pour mademoiselle. Le tout pour la modique somme 12$ la nuit. La classe.
Le jour même, plein de bonnes intentions, je vais lui acheter un médicament pour régénérer sa flore intestinale en difficulté. Le fait étant que plus vite elle guérit, plus vite nous quitterons cet endroit.
Comme je ne savais pas quoi prendre, je me fais conseiller par la pharmacienne.
- Vous avez des pilules pour aider à la régénération de la flore intestinale ?
- Oui, certainement. Cette semaine, celles avec diarrhée et vomissement inclus dans les effets secondaires sont en spécial.
- Ah, parfait, j’achète!
Finalement, au bout de 2 jours, Nad va mieux, on va sur Internet et on lit un peu sur le médicament ingéré. Ça aurait vraiment été parfait, si Nad avait eu des ulcères d’estomac et non de la diarrhée et des vomissements!
Deux jour plus tard, nous quittons donc Villazon avec une joie immense mais non pas sans difficulté. Trouver la bonne file d’attente pour l’immigration est un vrai casse-tête. Pendant qu’une police nous dirige à un endroit, une autre autorité nous ignore complètement ou nous dirige en direction opposée. On comprend nous-même que pour sortir du pays, il faut sortir du pays, oui, puis, y entrer de nouveau pour obtenir l’étampe de sortie. De la logique comme on l’aime. Face à ceci, après une heure de taponnage et de changement de ligne, on décide de foncer et de dépasser tout le monde un peu en faisant semblant de ne rien comprendre. Tactique qui fonctionne souvent bien.
Vite fait bien fait, on est maintenant en Argentine, et c’est le choc! Les choses fonctionnent bien, les gens sont sympathiques, mais ça se paye!
-Will