Rares sont les individus qui confient leur amour le plus simplement du monde ... sans verser dans l'exagération, le pathos, sans « prendre la pose » ... le recours à l'outrance est particulièrement vrai dans le monde de l'image, la présence d'une caméra semblant suggérer à certains qu'il faudrait en rajouter, surjouer pour être « vrais », crédibles ...
Point de cela ici ... dans son documentaire Quatre murs et le monde, Marc Weymuller rend hommage à quelqu'un qu'il aime, José Dias de Melo - écrivain, poète et baleinier - sans jamais l'idolâtrer, sans être stupidement aveugle ...
Là n'est pas le seul intérêt du film ... non, ce qui s'ajoute à cette qualité première c'est qu'on ne voit jamais l'intéressé ... José Dias de Melon vient en effet d'être hospitalisé ... on n'entendra donc que les poèmes du maître relayés par la belle voix de Michel Costa ... un véritable tour de force qui a, en plus, le mérite de nous offrir un voyage dans une contrée assez méconnue du grand public : les Açores, archipel portugais en plein coeur de l'océan Atlantique ...
Marc Weymuller nous emmène sur l'île de Pico, à Calheta de Nesquim, village natal de José Dias de Melo ... on y voit une vie évoluant au ralenti durant laquelle les employés municipaux repeignent les trottoirs, un homme ouvre son bar au gré de son humeur ... on y entend des vieux parler du métier de baleinier, de la vie d'avant, de leur relation avec leur poète local ... splendide hommage à la lenteur qui m'a fait penser à Requiem d'Alain Tanner ...
On se laisse d'autant mieux bercer que la musique signée Maurice Blanchy et Bruno Fleutelot – fin bassiste qui officiait lors de ce magnifique concert réunissant Fauve et Raphelson – incite au visionnage méditatif ...
Je ne sais pas si cette œuvre sera un jour diffusé sur une chaîne de télévision, même à un horaire impossible, en plein été ... si tel devait être le cas, il ne faudrait surtout pas laisser passer l'occasion ...
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