Ceux qui attendaient des larmes et/ou du sang en sont pour leurs frais. Cette année l'université d'été du PS ne fut pas, sans doute du fait de la très faible densité d'éléphants présents, un champ de bataille, voire un charnier, comme les années précédentes. Mieux, celui que tous accusaient encore il y a peu de tous les maux du parti s'en est remarquablement bien sorti.
En effet, François Hollande, premier secrétaire en sursis était attendu comme une assiette de ball-trap par tous ses camardes qui semblaient avoir affûté leurs fusils pour l'occasion. Et pourtant, jouant sans doute libéré et sans pression puisqu'il quittera la tête de la maison de fous qu'est la rue de Solferino l'an prochain, le député-maire de Tulle a été la vedette de ce week-end rochelais. Il en a même profité pour rappeler quelques vérités et appuyer là où ça fait mal en interne en osant notamment affirmer : "c'est en se payant de mots que les socialistes finissent par ne plus être compris. Ainsi, je ne peux pas accepter l'incantation sur le capitalisme. On ne va pas raconter des histoires, dire qu'à l'horizon de cinq ou dix ans si on est au pouvoir on va en terminer avec le capitalisme. On est là pour suivre un long cheminement. C'est ça qu'il faut expliquer : c'est fini le grand soir !". Une sortie qui a d'ailleurs reçue son brevet socialisme "à l'ancienne" de la bouche même de l'un des gardiens du temple du PS, Henri Emmanuelli qui a confirmé : "pour celles et ceux qui ne s'en seraient pas encore aperçus, il y a longtemps que nous avons accepté l'économie de marché et, dans l'ensemble, nous l'avons plutôt bien gérée", ajoutant, pour les quelques férus d'histoire présents dans la salle : "parvenus au pouvoir, les socialistes ont bel et bien accepté l'économie de marché. Ils l'ont fait très précisément le vendredi 23 mars 1983 à 11h du matin en décidant de rester dans le système monétaire européen et de mettre en oeuvre un plan d'austérité".
Mais François Hollande n'a pas non plus épargné les autoproclamés "jeunes lions" en rappelant qu' "on n'a pas besoin d'abandonner nos valeurs pour être modernes, car jamais les valeurs de progrès et de justice sociale n'ont été aussi pertinentes". Cela lui permet d'affirmer qu'il faudra en interne (et il y a du boulot) "respecter le Parti socialiste parce que quand on ne se respecte pas nous-mêmes comment voulez vous que les Français eux nous respectent !". Une nouvelle fois Henri Emmanuelli ne dit pas autre chose par un métaphorique "on en a pour cinq ans, c'est une course de fond, pas un concours de feux de Bengale". Mieux cette idée séduit aussi l'aile dite "droite" du parti puisque Michel Rocard assure pour sa part : "nous n'avons pas besoin de chef charismatique pour l'offensive tant que nous faisons le produit de l'offensive".
Pendant ce temps là, et alors que le président de la République pavane en tribune d'un PSG/OM que sa présence n'est pas parvenue à sauver la médiocrité, le gouvernement par la voix de Christine Lagarde continue de s'acharner sur son bouc émissaire du moment, la fonction publique, en affirmant : "bien sûr que nous préparons un plan de rigueur, mais ce plan de rigueur, il est destiné à la fonction publique pour l'essentiel. Il n'est pas question de plan de rigueur vis-à-vis du consommateur français". Peut-être serait-il temps d'apprendre à la ministre des Finances que les fonctionnaires ne sont pas uniquement des profiteurs et des feignants… et surtout qu'ils sont également des consommateurs.