Le brave Eric Woerth, ci-devant ministre français du budget, quinquatriste à faire mourir le calviniste le plus dur, jubile ces temps et se fait un malin plaisir de chatouiller la Suisse au sujet de la convention fiscale franco-suisse et la clause du modèle OCDE concernant l’échange de renseignements. Il chasse le moindre euro qui trainerait sur tel ou tel compte … un TOC sans doute …
Un peu facile et pas forcément intelligent son truc. Enfoncer le clou une fois était juste, mais le remuer risque de lui revenir en plein milieu du nez plus vite qu’il ne le prévoit.
La Suisse cède sur le secret bancaire et l’échange de renseignements, et c’est très bien, mais il ne faudrait quand même pas dépeindre les citoyens de ce pays comme d’étranges bêtes comparées aux âmes pures des amis français qui depuis des siècles n’auraient jamais eu même l’idée de cacher trois francs au fisc.
On devrait en effet chercher un peu plus pourquoi l’ensemble des grands complexes privées ou parapublics français passent par des officines en Suisse pour y faire transiter commissions et autres rétrocessions sur de juteux marchés d’armes ou d’équipement, notamment.
A Genève, à Zoug, à Lausanne et ailleurs, et souvent grâce aux bons soins des filiales suisses des banques françaises.
Et c’est évident que des groupes comme Thalès ou Total (simples exemples) ont impérativement besoin d’une certaine tranquillité pour que ce même Eric Woerth puisse encaisser quelques menues sommes en impôts locaux et surtout puisse encourager le développement de ces affaires pas toujours très casher sur le plan international.
Doit-on lui rappeler que la plus grande partie de l’argent dit des frégates de Taiwan a séjourné temporairement en Suisse, et qu’avant donc de jouer les vierges éplorées il ferait bien de balayer un peu devant la porte de Bercy ou du Quai d’Orsay et surtout aussi devant celles de certains de ses congénères politiques. On ne lapide pas sur la place publique ce qu’il y a encore quelques mois on appréciait, et qu’on continue d’ailleurs d’utiliser en sous-sol !!
Car on a beau prétendre de l’autre côté du Jura que le financement des partis est maintenant devenu propre et clair, rien n’est moins vrai !
A sa place donc, plutôt que de jouer les chevaliers blancs, on prendrait quelques précautions d’usage, s’il ne veut pas qu’un brave suisse un peu fâché se dise que finalement, “puisqu’on ne veut plus du secret bancaire, il serait intéressant de lâcher quelques informations croustillantes sur les bénéficiaires économiques actuels de certains comptes et autres montages“.
Peser sur le champignon, peut-être, mais mesurer la pression serait à conseiller en pareilles circonstances. Il n’y a rien de plus bête qu’un listing informatique qui circule par mégarde.
On en a même vus qui ont fait démissionner des ministres séance tenante, et pas de moindres. Donc dans toute cette histoire, un peu de retenue serait de bon aloi.
La vertu n’est pas une exclusivité française, loin s’en faut …