Journal des entreprises du Nord N° 23
Lille-Lomme, le nouveau temple des TIC, EuraTechnologies, a accueilli ses premières entreprises en février et doit être inauguré le 26 mars. Cette ancienne friche industrielle textile Le Blan-Lafont héberge une soixantaine d’entreprises, autour du géant Microsoft, mais aussi du centre Eura-RFID présidé par le président de l'Inria. Ecoles, entreprises, grands groupes... . Tous se ruent vers ce pôle d’excellence. Pourquoi un tel engouement ? Qu'attendre de ce parc à haute valeur ajoutée ? Retour sur un des projets phares de 2009. Dossier réalisé par Géry Bertrande et Thomas Baume
Depuis plus de deux ans, les bulldozers, grues et autres machines circulent sur le site d’EuraTechnologies. Mais ça y est le bâtiment Le BlanLafont a ouvert ses portes aux entreprises le mois dernier. Les 23 entreprises locataires du bâtiment F l'attendaient avec impatience. Premières sur les lieux et à faire confiance au projet métropolitain, berceau des TIC, ces sociétés technologiques ont subi les aléas du chantier.
Inauguration le 26 mars
Le paquebot Le Blan-Lafont sera inauguré le 26 mars en navettes fluviales et une journée porte ouverte destinée au public est prévue le 28. L’ancien château Le Blan-Lafont, friche textile réhabilitée sur 20.000ml hébergera donc 65 premières entreprises représentant 1.200 emplois. Il est d' ailleurs quasi-rempli.
Comme le précise Fabienne Duwez, directrice de Soreli , aménageur du site, « le taux de remplissage affiche 94 %% ». Mais l’aménageur rassure: « C’est une volonté de notre part. Les 6%% restants permettront aux entreprises présentes de s'y développer à leur convenance. » Le bâtiment F, lui, affiche déjà complet avec l'arrivée d’une quinzaine d’entreprises. Ce nouveau quartier de change des TIC est néanmoins victime de son succès.
25 hectares aménagés
La liste d’attente s’allonge de jour en jour. On dénombre une trentaine d’entreprises désireuses de s'y implanter. Mais que ces dernières se rassurent. Sur cette ZAC de 100 hectares, 150.000 ml sont développés sur le plan économique, soit l'équivalent du quartier d’affaires Euralille 1. D'ici à 2012, 25 hectares seront aménagés.
Comme aux parcs scientifiques de la Haute-Borne et d'Eurasanté, les acteurs politico-économiques jouent la carte de l’excellence et des parcs thématiques. « Nous avons été très vigilants pour choisir les entreprises qui s'y implantent », précise Pierre de Saintignon. Le premier adjoint au maire de Lille et vice-président du conseil régional, en charge du développement économique, indique même avoir « laissé passer des opportunités de court terme », pour préférer des implantations de «haute technicité ».
La naissance de clusters
Le but est de constituer « un ensemble de valeurs ajoutées ». Les parcs lillois doivent être, aux yeux de l'élu, « des lumières visibles à l’autre bout du monde ». L’un des objectifs d'EuraTechnologies reste aussi la collaboration des structures pour former de véritables clusters de compétences afin d’être plus apte à présenter des projets de grandes envergures. EuraTechnologies est en effet le lieu d’échanges de toute une filière, par excellence. Et « le collectif est une bonne réponse à la crise », selon Mongi Zidi, président du Pôle régional numérique (PRN), qui prend le pari de « sortir les PME de leur isolement » en fédérant au moins 10 % d’un potentiel de 3.600 entreprises locales. «C’est une filière très fragile si le capital humain n’est pas développé rapidement », selon lui.
La place du sans contact
On parle déjà d' EuraTechnologies 2 avec l' arrivée prochaine sur place du centre des technologies sans contact EuraRFID , présidé par Michel Cosnard, président de l' Inria . Deux entreprises privées ont également décidé d’investir sur EuraTechnologies en construisant deux bâtiments de 1.500 m2. Mais le projet reste un travail colossal non négligeable, comme le résume Pierre de Saintignon : « Convaincre les investisseurs de venir construire les 120.000 m2 restants. » La présence d’entreprises de renom comme Microsoft ou Cap Gemini devrait contribuer à attirer de nouveaux investisseurs sur les terrains de Lomme. Affaire à suivre... .
Entreprises. Du business entre starts-up et géants mondiaux
Le mois dernier, 25 entreprises ont emménagé à EuraTechnologies . Dans la première tranche, elles devraient être 65 représentant 1.200 emplois. La plupart sont des starts-up qui misent aussi sur le lieu pour se développer.
Chaque entreprise trouve son intérêt à EuraTechnologies. Malgré des désagréments dus aux travaux de Le Blan-Lafont, les entreprises du bâtiment F ont fait le transfert avec un développement dans les cartons pour la quasi-totalité d' entre elles.
Sociétés en croissance
Malgré quelques déconvenues connues par certaines, les jeunes pousses ont bien grandi. C'est notamment le cas de la société E-fijy qui connaît bon nombre de projets via ses dressings interactifs, le marché du m-commerce ou encore son configurateur 3D.
« Nous avons enregistré une croissance de 80 %% par rapport à l'année dernière, soit 300 K€ de chiffre en 2008, explique Johann Gobe, directeur associé. Nous avons cru au projet car c'est un cadre de travail agréable. Nous sommes proches des entreprises du secteur, de nos clients et de nos partenaires. Grâce à cette réalisation nous pourrons faire des alliances commerciales et techniques et partir aussi sur le marché international. » La société a triplé ses effectifs en à peine trois ans. Elle intègre Le Blan-Lafont dans le courant du mois en espérant poursuivre sa croissance. Arrivé de Marseille à Lille en 2007, l’éditeur indépendant de solutions d'aide au choix en ligne par comparateurs techniques, Compario double, depuis, ses effectifs et chiffre d'affaires chaque année et investit 35 %% de son CA dans la R &D. En 2009, il doit passer de 20 à 40 salariés pour 2,5 M€ de CA.
Un « écosystème » avantageux
Implanté à l' origine derrière Eura lille, dans le quartier Saint-Maurice, Compario cherchait à s'agrandir. Le choix d'EuraTechnologies, où la société a pris 190 m2, s'est vite imposé. «Il y a de nombreux aspects intéressants pour nous ici, au cœur du bassin européen du e-commerce, avec une proximité d'entreprises aux activités connexes. Cela peut être utile dans notre écosystème », confirme Pascal Podvin, directeur opérationnel de Compario, également présent en Chine et faisant partie des deux sociétés citées en exemple du programme Idées de Microsoft en matière d'aide aux starts-up. « Nous n'avons désormais qu’à traverser le couloir pour voir nos partenaires Microsoft », se réjouit Pascal Podvin.