Je fais partie d’une génération qui a grandi en plein boum de la culture rock. Comme beaucoup de jeunes adolescents de mon âge, j’ai commencé par collectionner les disques vinyls 45 tours avec mon argent de poche. Puis dans le vingtaine, je suis passé au format 33 tours, me créant ainsi une collection de près 400 disques sur une dizaine d’année le tout grâce au fruit de mon travail. J’en étais très fier, certains amis jaloux mais ce n’était définitivement pas pratique à entreposer ni lors des déménagements.
Puis dans les années 80, le « compact disc » est arrivé pour finalement surpasser le vinyl vers la fin de la décennie. Pendant un certain temps j’ai fonctionné avec les deux formats pour finalement liquider mes vinyls au profit du cd. Bien sûr je n’ai pu me recréer cette collection à la fois pour des raisons de disponibilité et de finance. J’en ai quand même remplacé un tiers au fur et à mesure.
Au début des années 2000, tous ces fichiers musicaux ont commencé à circuler grâce à Internet. Les consommateurs veulent se procurer une chanson sans être obligé d’acheter l’album. Grand changement, fin du concept album, fin des lecteurs cd et arrivée des lecteurs mp3. Arrive Apple qui lance son Ipod et le relie à son supermarché de musique en ligne Itunes. Les chansons sont vendues à la pièce 99c. Je prend donc tous mes cd et les installe sur ce nouveau support. Mais au fil du temps, des cd se sont abimés, j’en ai perdu et parfois m’en suis fait voler. Je me met donc à racheter certaines chansons. En fait en y réfléchissant bien, il m’est arrivé d’avoir acheté 3 fois le même morceau à trois époques différentes. J’ai ainsi contribué à rendre millionnaire Sir Paul ou Sir Mick et plein d’autres aidant aussi à créer de mégas entreprises aux états financiers faramineux.
Puis, grâce à l’évolution des technologies entre autre la haute vitesse, le P2P (peer to peer), de pair à pair a fait son apparition. Des consommateurs achètent de la musique et partagent les chansons sur le web en échange d’autres pièces qu’ils souhaitent acquérir. Le problème est que soit disant, et c’est loin d’être prouvé, cela est en train de ruiner les artistes, que ceux qui le pratiquent sont des voleurs, bref des pirates. Donc si je cherche à me procurer de cette façon une chanson que pourtant par le passé j’ai déjà payé deux fois, je risque selon la loi française Hadopi de me faire couper mon accès Internet.
Voilà, je veux juste témoigner de ma réalité qui bien que je vive au Québec est probablement celle de bien du monde en France. Cela m’amène à plusieurs réfexions:
- Droits d’auteurs: des lois ont été crées pour protéger les artistes de leurs éditeurs, producteurs et interprètes. Maitre Eolas dans son billet Les droits d’auteurs pour les nuls indique « Le combat des ayant-droits aujourd’hui présente une grande nouveauté : il oppose les ayant-droits à leur public, qui ne s’enrichit pas sur leur dos. Les musiciens insultent ceux qui apprécient leur musique en les traitant de voleurs, les réalisateurs font de même avec ceux qui apprécient leur film en les traitant de dealers.»
- Usine à gaz: la mise en application de cette loi et les procédures qui l’entourent va créer l’effet inverse désiré sans compter le malaise face à des élites dépassées.
- Modèle d’affaire: en tant que consommateur, sur tente ans, j’ai du m’adapté à mes frais à l’évolution technologique, c’est au tour de l’industrie de faire ses devoirs désormais.
- Génération Internet: les jeunes sont là et s’emparent de ce qui est à leur portée. C’est un peu la fable du chêne et du roseau pour l’industrie de la musique.
- Le droit à Internet: on parle ici d’une commodité identique à l’électricité ou à l’eau.
Quelques pistes en complément:
- Téléchargement: la loi Hadopi va-t-elle être adoptée ? chez Rue89
- L’industrie veut créer une économie de rareté sur Internet chez PCInpact
- Une loi scandaleuse et ridicule chez Jacques Attali
- Le piratage n’est qu’une étape transitoire vers l’équilibre des marchés numériques chez Les entretiens du futur
- Un rapport commandé par le gouvernement Hollandais conclu à un impact « très positif » du peer to peer sur l’économie chez ReadWriteWeb
- Un peu d’humour: Lol ne me fait pas rire chez Blogo Numericus et The perfect anti-piracy law chez Jérôme Paradis