Le chant du styrène (Alain Resnais 1958 - texte de Raymond Queneau -)
L'industrie nous empêche de respirer :
Deux courts films, deux commandes (mais ça permet aussi de voir, comment malgré tout, deux cinéastes imposent leur patte en quelques volées de plans), deux regards documentaires mais qui évoquent incroyablement la SF et partant ses deux faces : d'un côté l'asepsie pop et acidulée, de l'autre la paranoïa élégiaque et mélancolique.
Point commun tout de même : dans ce monde-là, l'humain est condamné à n'être qu'un survivant. Proximité étonnante et frappante de Jia Zhang Ke, pas tant avec ce film modèle d'ailleurs qu'avec... Romero. Irais-je presque jusqu'à dire qu'avec ce mini-opus, le chouchou chinois me surprend davantage qu'avec 24 City ? (Mais possible aussi que je sois passé à côté de ce dernier titre) .
Quant au Resnais, d'étonnantes préfigurations aussi. Premier film pop art ? Surtout une esthétique des tubulures et des couleurs qui inventent Beaubourg quinze ans avant sa construction. Et au-delà de la potacherie virtuose de l'ensemble, sans doute aussi l'évocation d'un monde parallèle et hypnotique : les délices régressifs de l'enfance (pas loin de Charlie et la chocolaterie tout ça), voire de... la drogue (pas loin des hallucinations extatiques non plus). Somme toute, l'asepsie n'est pas moins idéale que l'air vicié...