Paso Doble n°126 : Kamarade Besancenov, priviet !

Publié le 18 mars 2009 par Toreador

A las cinco de la manana…

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Certains l’analyseront comme une grogne sociale, mais pas moi. Il n’y a plus beaucoup de réformes à faire reculer, et tout le monde comprend bien que le gouvernement n’y est pour pas grand chose dans le marasme actuel.

La prochaine journée de mobilisation du 19 mars est donc un starter. Cela fait plusieurs mois que la frange la plus révolutionnaire de ce pays tire dessus pour faire ronronner le moteur de la Révolution, après plusieurs décennies de mise au rebut. La France a en effet sur ce point une particularité qui lui est propre en Europe : le marxisme-léninisme a survécu à vingt années de traversée du désert.

Avec 90 000 chômeurs de plus par mois, et donc la perspective de gagner un million de chômeurs sur un an; avec un déficit qui vient de doubler (il représente 33% du budget !) et qui va faire bondir la dette; avec un panier budgétaire symboliquement percé par les émeutes dans les TOM, la situation budgétaire et politique de la France est grave.

Le bonheur des uns fait le malheur des autres. Pour un marxiste-léniniste, jamais conjonction plus favorable n’est présentée pour abattre le système et établir une vraie démocratie populaire, basée sur le partage des bénéfices, l’égalitarisation des conditions de vie, et des avancées sociales fortes. On ne fait pas de révolution sur mer d’huile.

Nulle part Ailleurs, les Guignols en moins ?

Il faut lire les principes fondateurs du NPA pour avoir une meilleure idée de son programme. Nouveau Parti Marxiste aurait été plus exact comme dénomination :

«  Les anticapitalistes d’un pays impérialiste doivent avant tout lutter contre leurs capitalistes nationaux, leur propre État impérialiste et son armée. (…) En finir avec les crises implique d’en finir avec l’exploitation, donc avec la propriété privée des principaux moyens de production, d’échange et de communication, qui en constitue la base. .(….)

Une domination de classe ne peut pas être éliminé par voie de réformes. Les luttes peuvent permettre de la contenir, de lui arracher des mesures progressistes pour les classes populaires, pas la supprimer.  En 1789, la domination de la classe privilégiée de l’Ancien Régime n’a pas été abolie par des réformes. Il a fallu une révolution pour l’éliminer. Il faudra une révolution sociale pour abattre le capitalisme. Elle implique donc nécessairement un changement des rapports de propriété, social et institutionnel, qui rejaillit sur tous les aspects de la vie en société.  Notre choix pour y parvenir mise exclusivement sur l’expression et la mobilisation majoritaire.Tout en annonçant clairement à l’avance que nous chercherons à organiser l’auto-défense des travailleurs, pour que le coup d’État militaire et la répression massive qui ont eu lieu au Chili en 1973 ne puissent pas se reproduire.

“ L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ” (Marx dans Le Manifeste communiste) reste notre boussole. D’une manière générale, ce sont les forces de la réaction qui imposent la violence. »

L’extrême-gauche a donc beau jeu d’essayer de faire démarrer le moteur. Pour les 20 ans de la chute du mur, quel beau symbole serait-ce là de faire tomber le mur du capitalisme ?

Glissade sociale

Pour le gouvernement, le risque de glissade sociale n’est pas à négliger.

Cela fait longtemps que, face aux urgences, toute prudence comptable s’est envolée. Les chiffres font peur à voir : nous sommes déjà ruinés AVANT la crise. Surtout, les évènements dans les TOM ont décrédibilisé un pouvoir déjà affaibli par des reculades sucessives. La rue reprend du poil de la bête parce que faire plier Sarkozy devient possible.

Ironiquement, le « Ensemble, tout est possible » se retourne contre son instigateur. Et ne parlons pas de la rupture…

Or, le problème est que les marges de manoeuvre de l’Etat sont désormais complètement bloquées. Du coup, au lieu de porter sur des arbitrages budgétaires, la foule réclame des symboles et des boucs-émissaires. Le bouclier fiscal, qui est une dépense fiscale de 500 millions d’euros, en est un. A titre de comparaison, la défiscalisation de l’assurance-vie coûte cinq fois plus.

La glissade sociale est là : lorsque le peuple manifeste non plus pour du pain, mais pour des principes, le système est prêt à rentrer en turbulence…

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