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Conte de fée moderne, ou: Quand les industriels et les politiques jouent de concert aux apprentis sorciers

Publié le 18 mars 2009 par Mari6s @mari6s

Peut-être avez-vous eu des échos des dernières polémiques sur les antennes relais GSM, notamment si vous lisez le Canard Enchaîné. Laissez-moi vous en livrer mon interprétation...

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En quelques semaines, plusieurs tribunaux différents ont tranché en faveur d'associations anti-antennes relais, qui luttent pour faire retirer, ou interdire, l'implantation d'antennes dans leur quartier ou ville, et cela au nom du principe de précaution (qui figure dans notre Constitution depuis quelques années, je le rappelle)

Principe de précaution, qui certifie qu'en cas de doute sur les conséquences d'un produit (substance chimique, ondes GSM...), on peut en interdire ou en limiter la diffusion pour ne prendre aucun risque, et cela jusqu'à ce que preuve soit faite de son inocuité, ou de sa dangerosité. On parle de ce principe par rapport aux antennes relais, mais aussi aux lignes haute tension, aux OGM, aux produits chimiques (pour ces derniers, c'est toujours aux victimes de prouver son effet est néfaste, pour qu'il soit retiré de la circulation...). Un exemple de sa non-application: l'amiante. Pas très rassurant pour moi qui ai une antenne relais pour ainsi dire au-dessus de la tête...

Mais quel est donc le problème posé par les antennes relais? Eh bien, le problème est justement qu'on n'en est pas sûr. Des études ont donné des résultats contradictoires (les plus rassurants venant étrangement d'équipes subventionnées par les opérateurs de téléphonie mobile...), l'une d'elle indiquant par exemple que des plants de tomate dépérissaient quand on les exposaient à certaines doses d'ondes émises par ces antennes...

Je précise au passage que pour ce qui est des téléphones mobiles eux-mêmes, il n'y a plus aucun doute: il y a danger. Cancers, pour une utilisation intensive, mais aussi migraines, infertilité et autres menus désagréments. Votre portable émet des ondes qui le relient à une antenne relai, et cela même quand vous ne l'utilisez pas (l'éteindre est la seule solution pour arrêter ces ondes). C'est pour cela qu'on conseille de ne pas le ranger dans une poche à même le corps, d'utiliser dès que possible un kit mains-libres (en éloignant le téléphone de votre corps), ou de ne pas coller le téléphone à votre oreille avant que la connexion avec votre correspondant ne soit établie. C'est aussi pour cela qu'il faut éviter au maximum de confier un portable à des enfants, plus fragiles...

Mais pour les antennes, pas de vraie preuve scientifique. On ne peut qu'émettre des hypothèses sur la dangerosité de l'exposition aux ondes, même sans le récepteur qu'est un téléphone portable. Il faut dire qu'il n'y a pas de réelle étude épidémiologique, et que les plaintes de personnes sachant qu'une antenne se trouve près de chez elles sont facilement contestables: symptômes psychosomatiques, mauvaise foi, coïncidences, plaideront les opérateurs.

Alors quoi, la question est-elle, comme la présente Martin Bouygues, de savoir si l'on veut ou pas utiliser des portables? Non, et il le sait parfaitement, et se permet de simplifier ainsi car il sait que son public est mal informé. Les scientifiques pensant que les antennes relais ont une influence néfaste sur le corps humain s'accordent à dire qu'une distance de sécurité de 200 à 500 mètres entre l'antenne et des zones "sensibles" (habitations, écoles, hôpitaux...) permettrait d'écarter le plus gros des risques. Rien n'empêcherait d'avoir du "réseau" sur les téléphones pour autant, en implantant les antennes dans des zones de campagne, par exemple.

Or c'est tout le contraire de la politique actuelle: on implante les antennes sur les églises, les écoles, au centre des bourgs dès que c'est possible. De plus, chaque opérateur installant ses propres antennes, on est exposé à cinq à dix fois plus d'ondes que nécessaire...

Pour reprendre la narration de mon conte de fées: en réaction aux décisions de justice, l'académie de médecine a fait une déclaration étonnamment rapide, tellement rapide qu'elle n'a pas même réuni une commission scientifique pour y réfléchir: les antennes n'ont aucune influence quelle qu'elle soit, et les juges sont des imbéciles. Peut-être pas dit de cette façon, mais en gros c'est ça.

Bon, les médecins ont le droit de ne pas s'entendre avec les juges, mais ça devient plus préoccupant quand notre Premier Ministre lui-même s'empresse de confirmer. D'abord parce que je n'ai pas connaissance d'un quelconque diplôme de biologie, médecine, épidémiologie, qu'il aurait gagné dans une pochette surprise ; ensuite, parce que la séparation des pouvoirs, base de notre démocratie gauloise, interdit au pouvoir exécutif (dont le Premier Ministre est un représentant) d'interférer avec les pouvoirs législatif (le Parlement) et judiciaire...

De plus, je suis effrayée par la facilité avec laquelle tous ces gens posent des dogmes, des (quand on dit qu'un chat est un chien, c'est un chien), sans aucune honte. Qui sait combien de cancers pourraient être déclenchés par ces antennes, à long terme? Je ne peux pas affirmer qu'il y en aura un seul, mais j'attends aussi des autres, et particulièrement de la classe politique, qu'ils n'affirment pas le contraire. Et surtout pas dans le but quasi-avoué de protéger leurs copains PDG. Si Sarkozy ou Fillon deviennent amis avec les directeurs de Monsanto, sera-t-on obligé de manger des OGM?


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