Si vous pensiez avoir tout vu du Capital, l'avoir décortiqué pour en sucer la substantifique moelle et qu'aujourd'hui, vous êtes incollable sur Karl et surtout rassuré sur l'avenir de nos sociétés, alors sachez qu'il manque à votre culture... la comédie musicale Le Capital. Et qu'un producteur chinois est en train de monter le projet pour Beijing.
Ce futur divertissement à destination de la nouvelle bourgeoisie chinoise ne manque pas de questionner les foules d'autant que son directeur entend faire là un spectacle aux multiples facettes. On parle d'influences e Broadway, Las Vegas, de performances pédagogiques ou encore d'un orchestre et d'un choeur, avec chant et danse...
Un professeur d'économie de Shanghai assure même la coordination intellectuelle dans le plus grand respect de l'oeuvre du penseur.
Une intrigue capitale, elle aussi ?
Prévue pour l'année prochaine, cette comédie musicale mettra en scène des travailleurs pris dans une société de progrès, qui comprennent que leur patron tente de les exploiter. Ils saisiront comme une fulgurance philosophique le principe de la plus-value, mais ne s'uniront pas pour renverser le pouvoir en place. Au contraire, ils travailleront comme avant, quoique certains se mutineront quand d'autres tenteront les négociations.
Pour le directeur du centre d'arts dramatiques de Shanghai, Yang Shaolin, cette mise en scène et cette réalisation eussent été impensables voilà quelques années encore. Mais l'évolution de la société chinoise permet aujourd'hui, grâce à l'épanouissement culturel, de plus grandes fantaisies.
Reste à voir comment se déroulera justement l'intrigue et l'aventure du Capital, le livre n'étant pas réputé pour ses personnages particulièrement vivaces ni ses époustouflants dialogues. Il semble d'ailleurs qu'un exemple japonais de comédie fut réalisé en 1930, puis traduit en chinois. Plus récemment, une troupe de comédiens allemande avait risqué l'aventure, avec un supplément Engels incorporé à leur pièce. Le résultat avait été décrit comme assez ennuyeux...